Affichage des articles dont le libellé est conan. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est conan. Afficher tous les articles

14 mai 2021

Albums Conan chez Glénat

Ce ne sera une surprise pour personne, mais j'adore les histoires de Conan le Cimmérien. J'ai mis un peu de temps à tomber sur les récentes adaptations en BD parues chez Glénat, suite au passage des droits du personnage dans le domaine public. L'idée de base est très cool : confier à des dessinateurs et scénaristes variés la représentation des histoires de Conan. Et ainsi, voir le personnage sous des traits nouveaux, qui s'éloignent de l'image classique des couvertures de Fraztta, des comics de Roy Thomas ou la représentation filmique avec Arnold.

Chaque livre est accompagné d'un petit blabla de Patrice Louinet mettant le récit dans son contexte, souvent intéressant. L'identité visuelle de la collection est très réussie.

Bien sûr, au vu de la variété des dessinateurs et des scénaristes, on se permettra de trouver certains livres plus réussis que d'autres. Voici mon classement super subjectif, en trois catégories : beaucoup aimé, oui mais..., pas aimé.

Beaucoup aimé

 
La reine de la côte noire / Morvan / Alary
D'abord, l'histoire d'origine est vraiment top, traversée par une sorte de fièvre romantique un peu folle. Le dessin très rond, entre manga et ligne claire (je ne sais pas trop le qualifier) est tout à fait inattendu pour une histoire de Conan, et donne au récit une grande clarté et une grande énergie. Le récit et les personnages sont traités avec amour et avec ce qu'il faut de distance pour que l'aspect pulp (Noirs sauvages et femme à poil) apparaisse pour ce qu'il est : un fantasme, le rêve d'un jeune Texan. Ce livre a une véritable qualité onirique, qui fait partie de l'essence des récits de Conan.
 

Au delà de la rivière noire / Gabella / Jean 
Chez Howard, j'adore les histoires de Pictes. Au-delà de la rivière noire est une histoire de Pictes + Conan, donc yummy yummy. Dans ce livre, Conan n'a plus ses cheveux longs (normal, quand on se bat dans la forêt) et porte un drôle de look, les Pictes sont très réussis, entre aborigènes/Indiens d'Amérique/peuples amazoniens, l'ambiance est lourde et oppressante et les Blancs perdent face aux Sauvages. Une grande réussite.
 
Oui mais...
 
La fille du géant du gel / Recht
Cette histoire très onirique fait partie de mes favorites chez Howard. Récit très court, obsessionnel, irréel.  L'album de Robin Recht est très beau, le dessin et les ambiances sont magnifiques, mais il m'a mis assez mal à l'aise en explicitant graphiquement le fantasme de viol sur lequel repose cette histoire.


Le dieu dans le sarophage / Headline / Civiello
J'aime beaucoup le jeune Conan à dreadlocks de ce récit, d'autant qu'on le voit très bien posé face aux civilisés. Doug Headline monte ce récit d'enquête horrifique bancal avec un bel artisanat de scénariste, essayant de construire un jeu d'alternance de point de vue et donnant un peu d'épaisseur aux personnages secondaires. Il y a plein de petits défauts, mais ça reste très agréable à lire.
 

 

Les clous rouges / Hautière / Vatine / Cassegrain

J'ai écrit un billet de blog il y a longtemps pour dire combien je n'aimais pas cette histoire psychanalytique de Conan. Mais, si on écarte le côté super théorique du récit (une civilisation en boîte, presque une expérience de pensée), j'ai trouvé la BD plutôt bien. Ambiance flottante, combats comme en rêve, érotisme permanent... Je me suis laissé porter avec plaisir.


La citadelle écarlate / Brunschwig / Le roux

Conan est roi, Conan est vieux, et ce livre le rend très bien, c'est sa principale qualité. Je trouve  sinon l'ambiance trop sage par rapport à mes souvenirs et mes impressions du récit d'origine.


Je n'aime pas




La maison aux trois bandits / Louinet / Martinello

J'aime quelques éléments de ce récit (une partie de l'ambiance urbaine, le trait du dessinateur, sa représentation des principaux protagonistes) mais le récit était beaucoup trop confus et même en ayant déjà lu le récit d'origine, je n'ai rien compris.








 

 

 

 

 

 

 

 

Le peuple du cerle noir / Runberg / Park

Dans celui-ci, je n'ai aimé ni le dessin ni le récit auquel je n'ai pas du tout accroché.




07 janvier 2008

Lectures 2007

Retour sur mes lectures de 2007, surtout pour parler de celles que je n'ai pas déjà commentées sur ce blog.

Evolution, Stephen Baxter
J'ai déjà dit ici tout le bien que je pensais de ce livre étonnant. Le pessimisme de Baxter est toutefois assez pesant et je n'ai pas envie de relire dans l'immédiat d'oeuvre de cet auteur... Dans tous les cas, Evolution reste une lecture fascinante.

Janua Vera, JP Jaworski
Après le jeu de rôle Te Deum pour un massacre, voici que M. Jaworski entre en littérature, avec un joli recueil de nouvelles, que j'ai eu la chance de lire en avant-première. Un ton original, une belle écriture, une utilisation intéressante de connaissances historiques dans la Fantasy. Les 7 histoires offrent un intérêt inégal (je n'ai pas du tout aimé le texte humoristique, par exemple), mais l'ensemble est une jolie réussite. Et le livre est fort beau.

Soliman le magnifique, André Clot
Un livre intéressant sur le grand Sultan, qui offre un surtout un portrait de l'empire Ottoman à son époque. Cette lecture faisait partie de ma documentation pour faire jouer l'épisode du Siège de Malte, dans ma campagne Te Deum...

La cité des saints et des fous, Jeff Vandermeer
J'en ai parlé ici, rien à redire, même si un certain David C à qui je l'avais conseillé n'a pas aimé. Reste un beau livre, très étonnant.

Martin Eden, Jack London
Mon premier roman de Jack London, roman très autobiographique, lu sur le conseil de l'ami Alex. Extraordinaire d'énergie et de sincérité. j'ai été très ému de découvrir que la pseudo-autobiographie de Robert Howard (le rebelle, chez Néo) en était en fait très inspirée (même si elle est ratée...)

Conan le guerrier, Robert Howard
Premier essai de relecture de REH. J'ai dit tout le mal que je pensais de Red Nails ici.

Mythes nordiques, Pages
Je recommande ce petit livre très concis et bien fait sur les mythes nordiques, conseil de lecture de l'ami Alex, dans le cadre de la documentation pour le travail sur Siegfried.

Trois pépins du fruit des morts, Mélanie Fazi
J'ai parlé ici de ce curieux roman duquel je garde un bon souvenir.

Le passager de la nuit, Maurice Pons
J'ai beaucoup aimé ce texte sans prétention.

Frère François, Julien Green
Un curieux roman-hagiographie (assumé) sur le grand saint du moyen-âge. Je ne suis pas totalement convaincu par la forme littéraire, mais je reste séduit par cet étonnant personnage, mélange de fou mystique et de réformateur.

Le carnaval de Romans, Le Roy Ladurie
Un livre d'histoire passionnant racontant un étrange épisode de guerre civile dans la petite ville de Romans, vers la fin des guerres de religion. Mélange de combat symbolique (rameutant des icônes païennes) et politique.

Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran, EE. Schmitt
Mon premier livre de cet auteur à succès. Que dire? Que c'est de la littérature facile? Un texte qui m'a semblé plutôt indigent, malgré quelques petites idées. Bof.

Blood and Thunder, the life and art of Robert Howard, Mark Finn
Intéressante bio du Texan de Cross Plains. Je voulais faire une critique, mais je n'ai pas eu le courage. Le livre n'est pas prétentieux, c'est ce qui fait son charme.

Bébé, dis-moi qui tu es, Philippe Grandsenne
On comprendra mes préoccupations vers ce moment-là... A part ça, le livre est très intéressant pour les jeunes parents, court, pas cher, et offre pas mal de réponses à des petites et grandes angoisses.

Bleu, de Michel pastouteau
Un document passionnant.

The coming of Conan the Cimmerian, Robert E Howard
Par Crom ! Un grand moment de lecture...
Commentaires ici et ici.

Histoire et dictionnaire des guerres de religion, collectif, collection Bouquins
Une excellente lecture pour qui fait jouer à Te Deum. Quasiment un supplément indispensable ! Avec liste de PNJs et historique de tous les pays d'Europe.

The etched city, KJ Bishop.
J'ai déjà dit ici ce que j'en pensais ici. Une lecture conseillée.

L’affaire Charles Dexter Ward, HPL
2007 aura été mon année de redécouverte de Lovecraft. Quel génie !

Le trône d’ébène, T.Day
Chaka !

Spin, RC Wilson
J'ai beaucoup aimé ce roman, mais tant d'autres (ici et ici par exemple) en on dit du bien sur le réseau que je ne sens rien d'intelligent à rajouter. C'est intelligent, plutôt bien écrit, bourré d'idées. Bref, mangez-en.

La Pierre de Sang, KE Wagner
Pas tellement aimé. A part le début, avec la magicienne ailée, que j'ai trouvé très beau, j'ai ensuite trouvé l'ensemble un peu lourd et moins provocateur que je ne pensais.

Car je suis légion, X Mauméjean
Pas accroché.

La peau froide, d’Albert Sanchez Pinol
Joli roman fantastique, j'en ai parlé ici.

Mademoiselle B., Maurice Pons
Pas aimé ce roman de Maurice Pons, qui n'aime pas assez ses personnages, malgré quelques jolis moments et une reconstitution amusante d'Andé et du Moulin (qu'on ne voit pas...).

Les âmes grises, Philippe Claudel
J'ai détesté ce livre, moche, complaisant et déprimant.

[BD] La théorie de grain de sable, Schuiten & Peeters
Un excellent album, qui prouve que ce duo génial sait se renouveler !

[BD] Siegfried T1, Alex Alice
Un très bel album, et pas seulement par copinage. L'émotion est très forte.

Nid de coucou, Calvo
Gondwanaworld !

Les gnostiques, Jacques Lacarrière
Très bon livre, sincère et honnête, sur un sujet casse-gueule, qui m'aura permis d'en savoir un peu plus sur ce mouvement spirituel. A part ça, ce livre offre des clefs intéressantes pour comprendre certains romans de Dick (Siva, notamment...).

Comment produire une crise mondiale..., J Favret-Saada
A lire !


Cendres, Di Rollo
Trop sombre et complaisant à mon goût. La couverture de Daylon est très belle.

Harry Dickson intégrale T8, Jean Ray
Des histoires drôles et trépidantes. J'ai retrouvé une de mes lectures d'adolescent !

Fiction, T5, collectif
Si j'ai le temps (on peut y croire), je chroniquerai les nouvelles une par une. Le texte de Kelly Link est exceptionnel, j'ai adoré.

Je ne tire pas de bilan de cette longue liste. Si je devais retenir mes livres de fiction préférés de l'année, ceux que je recommanderai aux amis, je citerais surtout:

La cité des saints et des fous, Jeff Vandermeer
Martin Eden, Jack London
Le passager de la nuit, Maurice Pons
The coming of Conan the Cimmerian, Robert E Howard
L’affaire Charles Dexter Ward, Lovecraft
Spin, RC Wilson
[BD] Siegfried T1, Alex Alice
Nid de coucou, Calvo

A l'année prochaine pour une nouvelle liste fascinante !

17 octobre 2007

Avant Frazetta


Pour amateurs, voici la tête qu'avait Conan, mon barbare préféré, bien avant que Frazetta s'en empare.
Ces illustrations sont extraites des numéros de décembre 1932 et mars 1933 de Weird Tales, la revue qui publia toutes les premières histoires de Conan.
Je me demande (sans rire) ce que REH a pensé de ces illustrations.

(si vous en voulez d'autres, j'ai en réserve quelques illustrations pour des histoires fameuses de Lovecraft ou d'autres histoires de Conan...)
Posted by Picasa

10 juillet 2007

The coming of Conan the Cimmerian - 2

Suite de mes lectures barbaresques.
J'ai donc fini avec plaisir la lecture du Tome 1 (sur trois) de cette belle édition des aventures du barbare le plus célèbre du monde. Avant d'en venir aux histoires, je signale que, outre quelques drafts et synopsis (intéressants pour qui veut voir la manière dont Bob Howard travaillait), ce livre contient un essai très intéressant de Patrice Louinet sur l'élaboration du monde hyborien (l'âge passé, disparu dans les brumes de l'oubli, où Howard situe les aventures de Conan).
J'en retiens quelques points :
  • Pour Howard, l'âge hyborien permet (explicitement) de traiter le matériau historique qu'il aime tant sans avoir à faire du roman historique. On peut voir là une paresse du romancier de fantasy, j'y vois de mon côté une des justifications de ce type de littérature : une rêverie sur l'Histoire. Une utilisation de schémas tiré de l'histoire, telle qu'on la perçoit, pour y exprimer des idées ou des fantasmes modernes. A la fin du livre se trouve l'essai The hyborian age, dans lequel REH trace à grands traits l'histoire de l'âge hyborien (sans jamais y citer Conan !). Cet essai est intéressant, en cela qu'il est incroyablement révélateur de la manière dont Howard perçoit le monde et son évolution : darwinisme civilisationnel, évolution du singe vers l'homme, de l'homme vers le singe, combat entre la barbarie et la civilisation, constatation lucide de l'anéantissement à venir.
  • Conan et sa Cimmérie (qui n'apparaît jamais que par évocation dans les histoires du héros) sont des ancêtres, des racines mythiques pour Howard, chez qui le thème de la mémoire du sang est très puissant. Je ne prends pas le terme "ancêtre" au sens littéral, mais plutôt dans un sens poétique. La Cimmérie de Conan est une terre imaginaire dans laquelle l'auteur plonge ses racines.
  • Howard étant un professionnel vivant de son écriture, certaines histoires de Conan sont clairement "commerciales" - et ce sont malheureusement les moins bonnes. Patrice Louinet note justement que pour ces dernières, Howard n'avait quasiment pas fait de révisions, se contentant d'utiliser des "ingrédients" qui satisferaient le rédacteur en chef de Weird Tales.
  • Il est amusant de constater comment les lectures de Howard se reflètent dans les aventures de son héros : son intérêt pour l'Assyrie (qu'on retrouve dans "Rogues in the house") ou pour l'histoire du Texas, qui influence (mal) The Vale of lost women.
Je n'ai extrait ici que quelques points de cet excellent article que je recommande à toute personne intéressée par le travail d'écriture et de création de mondes imaginaires.

Passons aux récits eux-mêmes. Let me tell you of the days of high adventure !

La dernière fois, dans ma précipitation, j'avais oublié de parler d'une des meilleures histoires de Conan, voire LA meilleure, the Tower of the elephant.
pitch : Conan, jeune voleur dans la cité de Zamora, est un con qui ose tout. Par exemple, tenter d'entrer dans la tour mystérieuse qui se dresse au coeur de la cité, où un prêtre-mage terrifiant garde un fabuleux joyau...
Un excellent récit d'aventures, rythmé, avec de très bons personnages et une chute très puissante (où intervient l'étrange éléphant du titre). Cette histoire atteint pour moi une sorte de perfection dans le genre : elle est dense, l'ambiance est excellente, il y a de l'action, du suspense, de bons personnages (en plus de Conan) et une ouverture "cosmique" vertigineuse.

Black Colossus
pitch : un voleur tente de s'introduire dans un tombeau très ancien et inviolé, et il réveille quelqu'un qui dormait et qu'on aurait mieux fait de laisser assoupi... Alors une rumeur monte dans le désert, un prophète voilé soulève les tribus, les villes flambent... Et la jeune princesse Yasmela cherche desépérément quelqu'un pour sauver son royaume...
La scène d'ouverture, qui fait penser au long pré-générique d'un film, est fabuleuse. Derrière, Howard décrit avec talent la rumeur du désert, l'angoisse créée par cette armée qui balaie tout devant elle. De même, la scène de bataille finale est très bien menée... Mais... l'histoire est un peu trop courte pour l'ambition du sujet. Et Howard introduit pour la première fois un personnage de belle jeune femme dénudée qui va se jeter dans les bras du puissant barbare de passage (un dénommé C****). Or, si certaines scènes érotiques sont plutôt réussies (les visions nocturnes de Yasmela, l'ultime scène finale), la crucherie du personnage féminin est franchement agaçante. Rendez-nous Bélit !
On voit bien dans l'essai de Patrice Louinet que Howard a introduit ce type de jeune femme éplorée (et ayant une tendance rapide à se retrouver nue) pour mieux vendre ses récits. Désormais, on ne va plus y échapper, il y en aura une par récit (enfin, presque). Ce qui n'empêchera pas certaines histoires de sortir du lot...

Iron shadows in the moon
pitch : Conan, ultime survivant d'une bataille, sauve une jeune captive d'un prince hyrkanien (une sorte d'oriental sauvage). Il règle ses comptes avec le dit prince, puis s'enfuit avec la jeune femme. Ils abordent une île pleine de constructions très anciennes...
On rentre dans le cycle des histoires "commerciales" de Conan. Malgré une scène d'introduction excellente, la suite du récit est très conventionnelle et sans grandes idées.


Xuthal of the dusk
pitch : Perdus dans le désert, Conan et Natala (la jeune fille de service ce jour là) arrivent dans une étrange cité dont les habitants sont tous drogués... et dévorés un à un par une ombre mystérieuse.
Jeune femme dénudée, cité perdue, utilisation mal dosée du surnaturel... On est en territoire connu et l'histoire n'est pas excellente. Pourtant, certaines scènes et idées attirent l'attention. La cité endormie m'a évoquée Imrryr, l'idée de Thog (l'ombre dévorante) est assez forte et pour la première fois, on voit une scène de lesbianisme-SM entre la jeune première et une mystérieuse stygienne rencontrée dans la cité. Et, dans cette aventure, Conan se comporte en vrai macho, ce qui lui va bien et est assez amusant.

The pool of the black one
pitch : Conan est recueilli en pleine mer sur un bateau pirate (il vient de s'échapper d'une situation apparemment difficile). Le capitaine du bateau, un homme fort et arrogant, fait l'erreur de l'accepter dans son équipage. Or, Conan se verrait bien capitaine du navire...
Une nouvelle fois, on commence par une excellente scène d'introduction. Howard crée une vraie tension entre Conan et le capitaine, qui est un bon personnage. En quelques pages, on est plongé dans une sorte de version hyborienne de l'île au trésor. Puis on arrive sur l'île, et là on trouve un mystérieux bâtiment très ancien, etc, etc. A nouveau, quelques idées amusantes (les minuscules statues...) mais le tout manque un peu de bonnes situations...

Rogues in the house
pitch : Murillo, un noble de Corinthia, décide dans un acte désespéré d'engager un tueur pour exécuter Nabodinus, le prêtre rouge, qui règne sur la cité. Le tueur sera ce fameux barbare, qui vient de se faire emprisonner...
Un huis-clos, avec une histoire intéressante où personne n'est vraiment celui qu'il semble être. Il y a un lot d'action, de pièges maléfiques et de retournement de situations, avec Conan en barbare pensif observant les manigances des civilisés... Une aventure "urbaines" intéressante, qui répond bien à The God in the bowl. (pas de jeune fille dénudée)


The vale of lost women
pitch : Livia, une Blanche, est captive dans un village de Noirs sauvages, enfermée dans une hutte à côté du cadavre dépecé de son frère. Or, voici qu'une autre tribu noire arrive pour négocier, dirigée par un barbare nordique...
Même si le racisme de cette histoire est moins choquant que ce que le résumé ci-dessus pourrait laisser penser, il est quand même un peu pesant (il est intéressant de voir que c'est un épisode de l'histoire étasunienne qui a inspiré cette histoire à REH, avec les Noirs jouant le rôle des Indiens). Malgré ça, la situation créée est intéressante et l'aventure comprend de bons moments. Quant à la vallée du titre, malgré une bestiole surnaturelle peu convaincante, la présence de ces femmes aux yeux vides embrassant Livia est assez frappante... (excellente illustration de Marck Schultz, dans l'édition WS/Del Rey)

The devil in Iron
pitch : dans des ruines, perdues, un marin malchanceux entre dans un tombeau où il n'aurait pas dû mettre les pieds... et réveille celui qui aurait dû continuer à dormir. Pendant ce temps, des civilisés aimeraient bien se débarrasser de la bande de kozaks dirigés par ce barbare charismatique... Pour ça, pourquoi ne pas lui tendre un pièce, l'attirer sur une île isolée...
Malgré des éléments de routine (tombeau où personne n'aurait du mettre les pieds, belle jeune femme dénudée, ruine) cette histoire comprend nombre d'idées intéressantes, notamment la cité "rêvée" dont les habitants endormis se souviennent du massacre dont ils ont été victimes, l'élément extra-terrestre, etc. Et les côtés aventure et action de l'histoire sont bien menés, avec un suspense jusqu'au bout.

Voilà tout (ouf). Cette lecture m'a bien motivé pour l'achat des T2 et T3 des aventures du Cimmérien. Je continue à penser que l'approche chronologique (par ordre d'écriture) donnée par l'éditeur est très pertinente et intéressante.

25 juin 2007

The coming of Conan the Cimmerian

On pourrait croire que ça tourne pour moi à l'obsession pour les gros barbares musclés. Il y a un peu de ça, peut-être?
Je commente ici rapidement un livre que je n'ai pas fini de lire : le T1 (sur trois) de l'intégrale des aventures de Conan, dans l'édition Del Rey, elle-même une reprise de l'édition Wandering Star.
Tout d'abord, c'est pour moi la première occasion de lire Howard en VO. Jusqu'ici, je n'avais approché l'auteur que par les traductions, notamment celles de François Truchaud. Je dois beaucoup à ce dernier qui a su, par ses préfaces enflammées, faire partager sa passion et sa fascination pour Robert Howard. Mais, relecture faite récemment de quelques textes, j'avais tendance à trouver le style des histoires howardiennes un peu pâteux, du moins en français. Impression confirmée: en VO, Howard a un style tout a fait fluide, riche et incisif. Son sens du récit est exceptionnel et il est difficile, une fois une histoire commencée, de l'abandonner pour aller faire autre chose. La narration est efficace (on apprend uniquement ce qu'on a besoin de savoir), poétique et baroque quand il le faut (les scènes de bataille, notamment), prenant parfois les accents de la légende. Un vrai bonheur.
Cette édition présente les textes originaux (avant retouches par De Camp & Co), présentés dans l'ordre de rédaction, accompagnés de quelques brouillons, synopsis et articles critiques. Ce qui permet de voir mise en oeuvre la création, au fur des nouvelles, du monde hyborien et du personnage de Conan. Et cet aspect-là des choses est fascinant !
Pour le monde, on voit l'enrichissement progressif d'un décor, où Howard injecte de plus en plus de ses fantasmes historiques. Le monde hyborien a bien été créé pour cela : permettre à Howard de mettre en scène librement les rêves que lui inspiraient ses lectures historiques. En cela, le monde hyborien est un étonnant reflet (volontaire) de la perception du monde de l'auteur...
Quand au personnage : le Conan rêvé par Howard est un personnage profondément mélancolique. Les premières nouvelles nous présentent un personnage profondément conscient de l'absurdité du monde, toujours à deux doigts de noyer sa tristesse existentielle dans le vin et la bataille. Les textes ultérieurs tiennent cet aspect pour acquis, même si le lecteur attentif le ressent toujours. Je crois que c'est cette profondeur qui m'a toujours séduit, dans Conan. Au fond, dans toute sa puissance, Conan porte toujours le malaise de Robert Howard.
Parlons (un peu) des histoires, maintenant. Comme toujours chez Howard, on y retrouve un mélange d'images brillantes et d'idées conventionnelles, liés au genre de récit. Pour aimer Conan, il faut accepter ce cadre pulp de ses aventures.

The Phénix on the sword
pitch : Conan, roi d'Aquilonie, fait face à un complot visant à l'assassiner, impliquant dagues et monstrueuses invocations surnaturelles. La nuit sera longue.
Tout est centré autour d'un terrible combat nocturne. Le lion se défend, écrasé par ses assaillants. Un texte très puissant, malgré quelques longueurs pour la mise en place. Pour moi, la nouvelle Janua Vera (de JP Jaworsky) rend hommage à cette histoire.

The god in the bowl
pitch : Conan est encore un jeune homme, un voleur, dans une cité d'orient. Alors qu'il cambriole un palais, il se retrouve mêlé à une sombre affaire de meurtre politique.
Peu d'action, nombreux dialogues, l'occasion de mettre en avant la nature du personnage de Conan, face à différents portraits d'hommes "civilisés". La scène finale est exceptionnelle, de violence et de fantastique (Ah, ce masque qui se balance au-dessus du paravent...)

The Frost Giant's daughter
pitch : le jeune barbare, blessé, est l'unique survivant d'une embuscade, dans un décor enneigé. Une femme apparait, surnaturelle...
Un texte superbe, mythologique. La neige, le sang, la course... Feu du désir, froideur du givre... Sans doute ma nouvelle préférée de toutes les aventures du Cimmérien. Une splendeur.

The Scarlet Citadel
pitch : Le roi Conan est vaincu par ses ennemis et emmené en captivité, jeté dans des geôles profondes...
Une excellente histoire d'aventures. Là où d'autres auraient pondu un roman, REH écrit une novella hyper-rythmée, pleine de scènes géniales. Souterrains terrifiants peuplés de monstres lovecraftiens, rivalités de sorciers, batailles, intrigues politiques. Et Conan, jetant l'usurpateur du haut d'une tour, riant de ses ennemis, du peuple versatile, de lui-même...

Queen of the black Coast
pitch : Conan, mercenaire devenu marin par hasard (par erreur?) est séduit par Bélit, la reine de la côte noire, femme pirate ardente...
Encore une histoire riche, pleine d'aventures, laissant entrevoir nombre d'histoires jamais contées (combien de temps, en vérité, Conan reste-t-il auprès de Bélit?). L'histoire d'amour marche très bien, le texte comprend nombre de scènes puissantes (le rêve du lotus noir, Conan attendant les ennemis sur la pyramide...)

J'ai l'impression, avec ces premières histoires, d'avoir lu les meilleurs textes de la série (d'après mes souvenirs des textes français). La suite des mes lectures infirmera ou confirmera.
Avec ces lectures et mes relectures récentes, je commence à être persuadé que, au fond, Conan est ce que Howard a écrit de mieux. J'essaierai d'argumenter ça.

Suite des chroniques quand j'aurai lu un peu plus loin, si ça intéresse des gens...

20 mars 2007

Les clous rouges - une aventure de Conan le barbare

J'ai eu l'occasion ces derniers jours de relire les clous rouges (the red nails), une des aventures de Conan qui se trouve dans le recueil Conan le Guerrier, traduite par François Truchaud.
En voici un bref compte-rendu de lecture, au ras des pâquerettes, abondamment fourni en spoilers.

Résumé : en pleine jungle, Conan rattrape Valeria, flibustière de la Fraternité, blonde et redoutable épéiste qui ne doit rien à personne. On comprend plus ou moins que le vaillant barbare s'est épris de la belle... Ensemble, ils combattent un terrible dragon (en fait, une sorte de dinosaure) puis se réfugient dans une cité abandonnée... Du moins le croient-ils. Car à l'intérieur des murs deux clans s'affrontent dans une lutte à mort et Conan et Valeria vont se retrouver pris dans leurs intrigues...

On retrouve dans cette histoire un certain nombre des conventions du récit d'aventure : la grosse bêbete que l'on ne peut vaincre que par la ruse, la cité abandonnée fondée par les fuyards d'une civilisation antique... Ainsi que quelques conventions des aventures de Conan : dans les sous-sols de la cité rodent de sombres créatures (serpents, morts vivants) à dresser les cheveux sur la tête.
Disons-le tout de suite, cette histoire est assez kitsch. Elle accumule les rebondissements ahurissants et les situations improbables. La cité, notamment, est particulièrement absurde, malgré de touchantes tentatives de l'auteur de la rentre crédible (l'histoire de la cité, le mystérieux fruit qui ne se nourrit que de l'air...). Les idées fusent dans tous les sens (le comportement du monstre et sa vraie nature, le crâne flamboyant, la machine de torture...) et sont souvent exploitées de travers ou bien négligées. Tout est subordonné au rythme du récit, très nerveux.
L'écriture est assez faible, un peu lourde, sauf par moments (voir plus bas). Ayant lu en français, je ne sais pas quel est le rôle de la traduction dans mon appréciation...

Conan et Valeria en pleine bagarre...
Un aspect étonnant de cette histoire est la relation Conan/Valéria. Valéria est présentée comme une femme libre et indépendante, qui ne laisse personne lui en remonter. Seul Conan, par sa puissance virile et barbare arrive à lui en imposer... Valéria ressemble à une tentative touchante de créer un vrai personnage féminin de la part d'un homme assez macho. Ok, elle a le droit de faire joujou avec une épée et de démolir quelques ennemis, mais elle apprend dans l'histoire que le vrai mec, c'est Conan.
Valéria passe son temps à rencontrer des adversaires trop forts pour elle (le dragon, Olmec...), laisse échapper la servante qui voulait l'empoisonner alors qu'elle la tenait entre ses mains et se fait stupidement capturer dans la scène finale. Objectivement, c'est une cruche.
Mais c'est un échec d'avoir voulu raconter les aventures de Conan & Valéria. Le couple qu'ils forment est un peu ridicule. On sent bien que Conan, au fond, rêve de prendre son épée à Valéria et de lui dire de rester dans son coin à compter les points tandis qu'il démolit tous les méchants en vadrouille. On le comprend.

Je n'ai donc pas été très convaincu par toute cette affaire. Pourtant, le récit possède aussi ses qualités. Tout d'abord, le rythme. Le décor est idiot, les personnages font des trucs absurdes et on marche quand même, on se laisse porter, on cavale derrière Conan et Valéria, on espère qu'ils vont mettre une raclée à tous ces Egypto-Aztèques décadents et qu'ils vont s'en sortir un sac de pierres précieuses sur l'épaule.
Ensuite, le récit a une charge érotique étonnante, notamment à travers les relations quasi lesbiennes de Tascecla (la belle et capiteuse reine immortelle, vêtue uniquement d'un pagne et de quelques pierreries) et de Valéria. Il existe une vraie tension entre ces deux personnages. Puis le récit comprend une incroyable scène où Valéria torture une jeune femme à coups de fouet (pour lui faire dire un truc qu'elle aurait sans doute pu deviner toute seule...).
Enfin, j'ai aimé tous les passages consacrés à Conan. Là, l'écriture de Howard trouve une vraie puissance. Le personnage transcende le décor. Conan est une force, primitive et instinctive, un superbe rêve de vie, de régénération et de destruction. Il a une humilité face à la mort, des valeurs saines, et se montre même capable d'une forme d'autodérision (quand il fait la liste des métiers qu'il a exercés...).
Rien que pour Conan, cette histoire vaut le détour.

PS: au fait, quel rôle jouent exactement ces fameux clous qui donnent leur titre à l'histoire? Ont-ils un rapport avec les ongles de Valeria?
PPS: j'apprends en parcourant le web que cette histoire seraient adaptée en film d'animation. Why not?

10 janvier 2007

Lectures 2006

Comme l'an dernier, je reviens rapidement sur mes lectures de 2006. En voici la liste non exhaustives, suivie de quelques impressions personnelles.

[JdR] Te Deum pour un massacre, J.P. Jaworski

Comme nous jouons encore assez régulièrement, je lis un petit peu de la production rôlistique. Te Deum pour un massacre est un Jdr historique qui propose de jouer durant les guerres de religion. Le jeu est si habilement présenté et tellement bien fait qu'il m'a donné envie, à la lecture, de commencer une campagne d'aventures dans la France de Charles IX et de Henri III. C'est sans doute là le principal signe d'une bonne écriture pour le jeu de rôle: donner envie de jouer en facilitant la vie du MJ. Ce jeu contient notamment une excellente synthèse historique, riche et point trop obscure, et un très intéressant opuscule sur la vie quotidienne au 16ème siècle, des classes sociales aux divertissements, en passant par les questions d'habillement, de logement, les noms des danses... Un peu comme le travail présenté ici, en plus riche et plus détaillé.

Bref, en jeu de rôle, cette année aura été l'année Te Deum. Ma campagne a commencé en 1559 et nous sommes maintenant en 1565, beaucoup de guerres et d'aventures ont déjà eu lieu. Mes lectures "Renaissance" donneront une idée des endroits vers lesquels ma campagne s'orientera...

Le siège de Sancerre, Jean de Léry

Un livre de 1573, lu sur version imprimée, téléchargée sur Gallica. Témoignage étonnant sur le siège de Sancerre, ville protestante, par les troupes du roi Charles IX. Le livre est écrit avec une certaine objectivité par un pasteur coincé à l'intérieur de la ville et son ton très vivant, très reportage, en fait un témoignage exceptionnel. Il observe comment le siège est préparé, les effets des bombardements, de la faim (le siège durera 8 mois, les gens iront jusqu'à manger le parchemin recuit des livres...). Raconte des scènes d'horreur, les moments de louange et des passages absurdes, voire franchement comiques... Tout le contraire du fantasme hollywoodien et de l'heroic fantasy. Les deux armées font des erreurs tout le temps, le combat lui-même n'est qu'un immense malentendu, les plans soigneusement échafaudés foirent les uns après les autres... Une lecture fascinante. Et bien sûr une fabuleuse aide de jeu pour Te Deum.

Moby Dick, Herman Melville

Après plus d'un an de lecture (à haute voix) nous avons fini ce monument. Un livre énorme, fascinant, étonnant, tout comme son sujet. Melville a écrit le roman total sur la baleine, rien d'autre ne pourra être écrit derrière qui n'y fera pas référence. Ce livre extraordinaire emprunte tous les tons, tous les styles (roman, théâtre, encyclopédie, sermon religieux, histoire fantastique...). L'anecdote en est très simple (Achab, qui est fou, pourchasse la baleine blanche sur toutes les mers du globe), l'action avance lentement, les scènes splendides sont nombreuses, les longs délires le sont aussi. Une lecture extraordinaire.

[BD] Journal d’un Album, Dupuy & Berberian

Un album anecdotique, narcissique et sans intérêt, mauvais cru de la BD qui se regarde le nombril.

Sixième colonne, R.A.Heinlein

Cadeau de Sébastien Guillot, un roman "pour la jeunesse", assez amusant, dont le principal intérêt est de préfigurer presque entièrement l'intrigue du secret de l'espadon, commentaires racistes y compris. Les premières pages sont un excellentes (leçon remarquable sur la façon de mettre en place une intrigue), la suite est prévisible

Le grand cahier, Agota Kristof

Etonnant petit roman (par la taille) et grand par l'ambition littéraire. L'histoire de deux étranges jumeaux dans un pays (générique) d'Europe Centrale pendant la seconde guerre mondiale. Un récit cruel, une tentative littéraire fascinante (tenter de n'écrire que les faits, bannir l'émotion et la subjectivité). Le récit est bref, tendu et intense. Les deux livres qui lui font suite sont nettement moins intéressants.

[BD] Blacksad T3 - Aube rouge

Un bon tome 3 qui suit un excellent tome 2. Blacksad est une bonne série "grand public". Le dessin est magnifique, les scénarios tiennent bien la route, il n'y a pas (encore?) de facilités commerciales.

Les domaines hantés, Truman Capote

Ma découverte de cet auteur, suite au film qui lui a été consacré. Récit d'enfance dans une vieille maison du vieux sud, peuplée de gens un peu atteints et de fantômes. L'écriture rend parfaitement cette atmosphère capiteuse et délétère. Les roman est peuplé d'images et de situations étranges qui restent longtemps en mémoire... Ma seule autre référence d'écriture "sudiste" reste Poppy Z Brite, et je trouve rétrospectivement qu'elle est en quelques points une héritière de Capote.

[BD] Le photographe T3, Guibert, Lefevre, Lemercier

Une bonne série qui se termine. Ce T3, moins reportage et plus "aventure personnelle", m'a moins convaincu que les autres. Mais c'était un beau projet.

L’évangile selon Marc, Saint Marc

Lecture de l’évangile selon Marc, Benoît Standaert

Cette année, j'ai décidé d'étudier l'évangile de Marc et d'en faire une analyse personnelle, appuyée sur quelques lectures et sur les cours suivis l'an dernier. Mon but était de pouvoir donner une réponse personnelle (et argumentée) à la question: "que veut nous dire l'auteur, avec ce texte ?". J'ai noté le résultat de mes réflexions dans un petit document à usage personnel (partageable si affinités). Les textes sacrés sont d'accès difficiles, parce qu'ils sont très datés (2000 ans pour celui-ci...) et qu'on les lit en ayant sur les yeux de nombreux filtres de lecture (rapport personnel à la religion, culture générale sur le sujet...). J'avais donc pensé que relire attentivement le texte, un crayon à la main, en notant mes propres réflexions et questions et en me forçant à rédiger une fiche de lecture pouvait être enrichissant. Je ne regrette pas les quelques heures de travail passées là-dessus et je peux maintenant dire que j'ai vraiment lu ce texte.

La règle de Saint Benoît, Saint Benoît

Ce document est une pépite. Règle de vie en communauté rédigée il y a 1500 ans, contenant toute sortes de prescriptions, de recommandations et d'interdits, il s'agit surtout d'un témoignage incroyablement touchant, montrant une connaissance profonde et fraternelle du coeur humain, de ses forces et de ses faiblesses.

Pattern recognition, William Gibson

J'ai déjà dit ici ce que je pensais du dernier Gibson, dont je ne garde pas un souvenir impérissable.

[BD] 20th centry Boys, Urosawa Naoki

J'ai lu cette année tous les tombes parus en français de cette bonne série de SF. Son seul défaut est d'être justement une série et de ne pas savoir s'arrêter. Les 10 premiers tomes sont exceptionnels, mettant en scène d'excellents personnages et jouant avec habileté des allers et retours dans le temps. Ensuite, la série reste de bon niveau, mais l'histoire s'essouffle, l'intérêt faiblit. Comme souvent dans les histoires à mystères, le mystère lui-même m'intéresse plus que son explication...

Au guet, Terry Pratchett

J'ai abandonné ce livre au bout de 50 pages. Je n'avais pas lu de Pratchett depuis longtemps et ça ne m'a pas donné envie d'en relire. L'histoire m'a parue cousue de fil et blanc et l'humour me faisait à peine sourire. Bon, tant pis.

Kipling, le livre de la jungle

Une lecture du soir, pour s'endormir. Kipling est un conteur merveilleux et le livre de la jungle est une histoire très touchante, souvent brutale et violente. Mowgli, loin d'être une créature Disney gentille et niaise, est un excellent personnage, écartelé entre deux mondes, violent et contradictoire. Un récit qui n'a pas de véritable happy end...

Le dictionnaire des guerres de religion (collectif)

Très bon ouvrage de référence sur le sujet, comprenant un intéressant who's who de l'époque et de bons articles sur l'histoire des différents pays d'Europe durant la même époque.

Congo Pantin, Philippe Curval

J'ai dit ici tout le bien que je pensais ce roman de SF français.

Le goût de l'immortalité, Catherine Dufour

J'ai dit tout le bien que je pensais de cet autre roman de SF français.

Minuscules flocons de neige depuis dix minutes, David Calvo

Je n'ai encore dit nulle part tout le bien que je pensais de ce troisième roman de SF français. J'avais adoré Acide Organique et je trouve que David a continué à suivre pour ce livre une voie très prometteuse pour son écriture. C'est un bouquin déjanté, touchant, personnel. Parfois, le lecteur perd pied et se noie, mais on reprend toujours pied un plus loin... Et je trouve que personne au monde ne parle de Disney comme David Calvo sait en parler. Il faut continuer à écrire, bonhomme !

La machine à explorer le temps, HG Wells

Relecture d'un classique qui m'avait fortement impressionné étant enfant. Si quelques images sont très fortes (la description du voyage, les Eloïs et les Morlocks) je trouve le livre très mal écrit et le discours socialiste de Wells vraiment pesant (et son personnage principal est d'une fadeur qui confine à l'insignifiant). Un roman philosophique un peu lourd plutôt qu'un roman d'aventures sciences fictives.

Serpentine, Mélanie Fazi

J'ai acheté un exemplaire collector de ce livre après avoir rencontré Mélanie à la librairie Scylla. Et j'ai dit ici le bien que j'en pensais.

[JdR] Les deux reines, le boutefeu illustré

Deux suppléments intéressants pour Te Deum, mais tout à fait dispensables, à moins qu'on envisage de faire jouer en Ecosse. Pour info, à l'époque, l'Ecosse est un pays barbare plein de grands ploucs en kilt avec de grosses épées. A côté, les Français (qui ne sont pas des tendres) paraissent être des modèles de civilisation délicate.

Shutter Island, Denis Lehane

Un petit thriller, lu par distraction. Pas trop mal écrit. La situation de base du roman est excellente et fait un très bon pitch de film. La justification psychiatrico-psychanalysante est par contre bien lourde.

[BD] le secret de l’étrangleur, Siniac, Tardi

J'avais très envie de le lire, j'ai trouvé ça pas mal, mais ça m'a surtout envie de retourner à mes bons vieux Nestor Burma.

Utopiae 2006, divers

J'en ai dit un mot ici, au milieu d'autres choses. La moitié des textes sont très bons, voire exceptionnels, l'autre moitié est mauvaise, voire oubliable. Bref, un bon recueil ! Vous n'aimerez peut-être pas les même textes que moi. Merci aux organisateurs du festival de m'avoir fait cadeau du livre !

Rouge Brésil, JC Runfin

J'ai dit ici ce que je pensais de ce prix Goncourt, qui ferait une sympathique petite campagne pour Te Deum.

Delirium Tremens, Ken Bruen

Roman noir découvert grâce à l'émission Mauvais Genres. En Irlande, de nos jours, les enquêtes cahotantes d'un ancien flic camé et alcoolique. Si "écriture nerveuse" veut dire quelque chose alors l'expression a été inventée pour Ken Bruen. Le personnage est attachant, l'intrigue anecdotique et la narration très intéressante, très condensée, dense et brutale.

La fontaine pétrifiante, C.Priest

Très bon roman sur l'imaginaire. J'en ai parlé ici. Encore un conseil de Sébastien Guillot.

Aztechs, Lucius Shepard

Un bon recueil de nouvelles de SF, déjantées et brutales. J'en ai parlé ici.

HPL, Roland C Wagner

Une nouvelle-hommage très touchante, au grand auteur fantastique. Heu, pardon, au grand auteur de SF...

Le rebelle, REH

L'autobiographie de Robert Howard. Un bouquin mal fichu et passionnant, pour peu qu'on veuille se plonger dans les débuts d'écrivain de l'auteur de Conan. Je l'avais lu il y a quelques années (en diagonale). Je l'ai redécouvert avec plaisir. Howard est bien le seul à pouvoir commencer une bio de la même façon qu'une histoire de Conan : par une scène de baston !

Le tertre maudit, REH

Quelques histoires fantastiques de REH, intéressantes à relire. Le monsieur avait du métier...

Ouest, F Vallejo

Ma concession à la rentrée littéraire, un roman recommandé par la presse, et une bonne lecture. Bonne histoire, très bien écrite (j'admire beaucoup le point de vue choisi pour la raconter, très habile et très touchant). Relations violentes entre un baron un peu frappé et son garde-chasse dans l'Ouest français des années 1840-1860, sachant que le garde-chasse aime les gros chiens et le baron aime poursuivre les filles nues armé d'un rasoir. Une très bonne lecture, très recommandable.

One who walks alone, N. Price

Intéressant témoignage sur les dernières années de Robert Howard, par la femme avec qui il vécut peut-être son histoire d'amour la plus sérieuse. Le bouquin est bavard, souvent rasoir, mais il comprend des passages très touchants pour qui voudrait connaitre le "vrai" REH, son entourage et son temps.


Pas mal de lecture remarquables, cette année. J'en recommande beaucoup : Moby Dick, le grand cahier, le goût de l'immortalité, minuscules flocons de neige, la fontaine pétrifiante, Ouest... Faites votre choix parmi les autres !

02 janvier 2006

Lectures de l'année

Un petit récapitulatif de quelques-unes mes lectures de l'année, plus ou moins intéressantes. Pour vous donner quelques idées.
M'écrire pour avoir les références des éditeurs.

Yossef Rakover s'adresse à Dieu, de Zvi Kolitz
Un livre bref et totalement étonnant. Un rabbin à deux doigts de la mort, dans le ghetto de Varsovie incendié, se tourne vers Dieu, crie, s'indigne, invective... dans la lignée de Job sur son tas de fumier. Puis laisse son texte dans une bouteille, où il sera retrouvé.
Ce texte très frappant a été repris par de nombreuses publications juives (et non juives), qui le considèrent (à raison) comme une oeuvre d'une grande portée spirituelle... en oubliant souvent qu'il s'agit d'une fiction ! Ecrite par un homme à l'histoire digne d'un roman, totalement sincère, mais très vite dépossédé de son oeuvre malgré ses tentatives, non de toucher des droits, mais du moins de s'en voir reconnaître la paternité. En vain !
La postface du livre, plus longue que le texte lui-même, détaille l'aventure incroyable de ces quelques pages. Une grande découverte.

Salammbô, Flaubert
Voir l'article plus bas, pour savoir ce que j'en pense.

Si c'est un homme, Primo Levi
Le "classique" de la littérature sur les camps. Un beau livre, simple, sans pathos. On peut le lire même si on a vu dix fois la liste de Schindler et qu'on croit tout savoir sur le sujet. Même si on est déprimé.

[BD] Quartier Lointain, Jiro Tanigochi
Du manga fin, sensible, un peu trop sage à mon goût.

La morte amoureuse, Théophile Gautier (pas tout lu)
une (re)découverte. Les nouvelles de Gautier fonctionnent un peu toutes pareil, mais j'apprécie leur érotisme élégant et un peu daté.

Allah n'est pas obligé, Ahmadou Kourouma
Un bouquin primé sur le thème des enfants soldats, en Afrique. Le style est pas mal, le témoignage affreux, mais le roman ne tient pas la route.

Transparences, Ayerdhal
Un bon thriller, ni plus, ni moins. L'utilisation très discrète d'un thème de SF très intéressant m'a beaucoup plue.

L'homme au cercle bleu, pars vite et reviens tard, Coule la Seine, Fred Vargas
On voit que j'ai pris le train souvent. Les aventures du commissaire Jean-Baptiste Adamsberg sont très faciles à lire, avec des personnages tous plus ou moins barrés et assez sympathiques, et Paris comme décor. Les fans de whodunnit seront déçus, les intrigues flirtent souvent avec le Grand N'importe Quoi. Ca n'a pas le charme "réaliste" des enquêtes de Nestor Burma. (par exemple, ce sont des romans qui font semblant de croire que Paris s'arrête au Périph...)
A la fin, le commissaire va se balader sur les quais en rêvassant, il lui vient une idée et hop, il a trouvé le coupable ! De l'enquête intuitive!

Le voleur de temps, Tony Hillerman
Un roman policier chez les navajos. Intéressant et sympa, pas inoubliable.

Célébration biblique, Elie Wiesel
Une série de textes inspirés par les Midrashim, sur quelques personnages connus de l'Ancien Testament. Les Midrashim sont de courts récits qui "entourent", commentent et expliquent les récits bibliques. Ici, Elie Wiesel s'en sert pour donner son éclairage sur Adam et Eve, Isaac, Moïse, Jacob. On y découvrira qu'Adam était un géant magnifique, que Moïse était bègue et a voyagé dans le temps à l'heure de sa mort... et toutes sortes de choses souvent merveilleuses ou drôles.

Acide organique, Calvo
Un recueil de nouvelles, expérimental et écrit aux tripes de l'ami David. Parfois maladroit, toujours sincère, avec des images incroyablement fortes. Avec le recul, je me souviens de presque toutes les nouvelles. J'ai un très gros faible pour la nouvelle du titre, qui parle de Kate Bush, et de la vie. Comme toutes les autres.

[BD] Télémaque, Azuelos & Calvo
Excellente bédé sur Marseille, les grecs, tout ça. Vraiment magnifique. Encore meilleur que AK. C'est dire !

[BD] Pyongyang, Guy Delisle
Je ne suis pas fan de ces journaux autobio un peu paresseux. Le narrateur reste dans sa bulle, s'émerveille, s'étonne avec ses yeux d'occidental, puis repart. Bon.

Le livre de cendres, Mary Gentle
Des gros mots et du moyen-âge qui tâche. Fans de Conan, retournez dans vos parcs à jouets ! Le thème et certaines idées sont très sympa mais est-ce qu'on pourrait prier Mary Gentle :
1) de ne pas tirer à la ligne
2) d'arrêter de montrer qu'elle s'est documentée, on avait compris
3) de ne pas créer une méta-intrigue (celle du chercheur historien), ça ne marche pas.

Castelli di Rabbia, Alessandro Baricco
(en français : les châteaux de la colère). Un bon livre, très onirique, souvent brillant, parfois frimeur (pas italien pour rien), mais pas trop long et très bien écrit. Le billet ici le commente bien.

Une amitié absolue, John le Carré
Un bon John le Carré (je les ai presque tous lus, l'an dernier). Des intrigues tordues, des types paumés, dans notre monde, le vrai.

Stairways to Hell & la cité des crânes Thomas Day
Encore des textes de T.Day écrits avec les tripes. Du gore, du sexe, de la violence, quelques bonnes idées. Du mauvais goût à la tonne, mais totalement assumé. Au fond, je les trouve attachantes, ces histoires. Un petit faible pour la construction de "Maneki Neko" et pour la fin de la Cité des Crânes.

Titan, Stephen Baxter
Mon premier roman de SF depuis longtemps ! Une heureuse découverte. Agréable à lire, pas trop long, un point de vue intéressant sur l'évolution du monde et les voyages spatiaux. Ca m'a fait pleurer, tiens !

Le portrait vénitien, Gustaw Herling
Quelques nouvelles très fines, histoires italiennes délicates, parfois un tout petit peu fantastiques, tout dans le choix des points de vue des personnages. Le genre de livre qu'on relit quelques années plus tard.

La guerre d'Alan, le photographe, E. Guibert
Ces albums très connus maintenant développent une utilisation vraiment intéressante et originale du support "BD" pour faire de la littérature de témoignage. Ca donne envie de partir en Afghanistan !

Chien de faïence, Andrea Camilieri
Roman policier rigolo avec plein de siciliens tous plus terribles les uns que les autres. La traduction charmera ou agacera, c'est selon. Moi, je suis plutôt charmé.

Quelqu'un d'autre, Tonino Benacquista
Après Saga, lu l'an dernier, je confirme que Benacquista sait écrire des histoires faciles, très faciles à lire, et pas indispensables. Un livre très convenable, qu'on peut offrrir à tout le monde.

L'opéra de Vigata, Andrea Camilieri
Là, un récit historique étourdissant, à plusieurs voix, autour d'un fait divers étonnant et drôle : l'incendie de l'opéra de Vigata (Sicile) vers 1890. Un livre qui multiplie les styles, les intrigues, les tons... Du grotesque au romantique, des personnages plus vivants les uns que les autres, une virtuosité folle, le tout en 300 pages... Dans Chien de faïence, Camilieri s'amuse. Là, il donne toute sa mesure d'écrivain.
 La preuve que la littérature contemporaine italienne (Avec Erri de Luca, Barrico, Stefano Benni...) est infiniment plus intéressante que la littérature française.

Siva, Philip K. Dick
Une grande claque. Ce livre traînait dans ma bibliothèque depuis des années. L'histoire de la rencontre avec Dieu d'un ex drogué paumé dans la californie des années 70. Un livre vraiment drôle, bien écrit, fascinant de bout en bout. Et si l'exégèse vous intéresse, vous serez servis !

Cette aveuglante absence de lumière, Tahar Ben Jelloun
Une de mes autres révélations de cette année riche en bons livres. Voir article plus ancien.

[BD] Monster & 20th Century Boys, Naoki Urosawa
Je ne sais pas si c'est de la grande BD, mais c'est drôlement bien fait. D'excellents thrillers, à louper sa station de métro !

Les extrêmes, Christopher Priest
Un "petit" Priest, mais un bon bouquin quand même. Tous les romans de Priest explorent les perceptions subjectives de la réalité. Dans celui règne l'atmosphère un peu lynchienne de "une femme sans histoires".

La séparation, C. Priest
Voir article antérieur.

Les guerres de religion, Pierre Miquel
Une synthèse, très bien documentée et bien construite, sur les conflits de religion en France de 1523 à 1789. Malgré tout, ne peut pas se départir d'une vision très franco-française et républicaine de l'histoire. On sent que l'auteur s'intéresse surtout à la construction de la France actuelle. Mais contient des tonnes d'informations utiles pour faire jouer à Te Deum pour un massacre.

Noyau d'olives
, Erri de Lucca
Des textes courts, issus des méditations de l'auteur, non croyant, sur le texte biblique original, grec et hébreux. Des textes très brefs, très denses, souvent très forts, qui me parlent beaucoup.

21 octobre 2005

Conan chez l'Autre Alex



"Crom, I have never prayed you before...."

J'ai vu Conan The Barbarian en grand format et en VO pour la première fois de ma vie dimanche dernier.

Jusqu'à maintenant, je n'avais regardé mon film préféré que sur des VHS pourries, en VF.
"Qu'est-ce qu'il y a de mieux dans la vie, Conan?"
J'écoutais la musique à fond sur mon walkman en poussant la wheel of pain dans de grands bruits de chaînes. Et je chargeais en plein galop sur les choeurs de Basil Polédouris dès qu'une occasion de bataille se présentait...

L'Autre Alex , chez qui nous l'avons regardé, disait que redécouvrir ainsi un film qu'on aime pouvait briser le mythe, l'image qu'on s'en était faite. Remarque qui me concernait tout à fait : je connais "Conan" par coeur, en imagination en tout cas. En fait, je ne l'avais pas revu depuis des années.

J'ai donc été obligé de voir que oui, c'est vrai, Schwarzenegger était un gros culturiste épais qui tient son épée n'importe comment, et d'admettre que Subotaï était le copain de surf de John Milius. Et puis le film a un discours un peu facho et anti-hippies pas très fin et quelques gadgets 'années 80' vraiment de mauvais goût (la réapparition de Valeria, par exemple...).

De plus, notre hôte nous a fait écouter les commentaires du film par John & Arnold, themselves... Commentaires qui oscillent entre l'idiotie totale et l'aberrant, avec quelques moments à hurler de rire quand ce gros bêta d'Arnold se met à raconter l'histoire alors que John tente de faire sentir sa vision...

Seule la musique de Basil Polédouris, qui porte le film, ne se montre jamais décevante.

Mais j'aime Conan, et l'oeuvre de Robert Howard en général. Je me sens depuis longtemps une immense sympathie pour "Two Gun Bob", garçon mal dans sa peau et mal dans son monde, qui a couché sur le papier tant d'aventures sauvages.
Ce qui fait la différence entre les textes d'Howard et ceux de tous ses imitateurs c'est que Howard croyait profondément à ce qu'il écrivait. Il évoque lui-même ces instants où la grande ombre de Conan se penchait sur son épaule pour lui dicter ses aventures. Howard voyait le monde en noir et rouge, plein de spasmes de fureur, de forces ténébreuses et incompréhensibles...
Face à ces forces, des hommes se tiennent. Non, pas des dieux, pas des géants, mais des hommes, de simples hommes, qui par moment arrivent à faire reculer la mort et triompher la vie.

Voilà pourquoi j'aime le film, malgré ses outrances et son mauvais goût : c'est un film sans second degré, qui ne se moque ni de lui-même, ni du spectateur. Un film qui croit à Conan, au Conan de Robert Howard. On sent dans le film le souffle de l'aventure, le monde très ancien, les civilisations disparues qui dorment dans la terre, tous ces os des héros morts sur lesquels nous marchons.
Aucun autre film d'heroic fantasy ne m'a jamais paru aussi authentique, aussi complètement cohérent, aussi intègre. Le réalisateur n'a-t-il pas fait construire l'immense escalier de Thulsa Doom ?


Et le film, à chaque fois, emporte mon adhésion par son image finale. Roi, par ses propres mains.


Know, oh prince, that between the years when the oceans drank Atlantis and the gleaming cities, and the years of the rise of the Sons of Aryas, there was an Age undreamed of, when shining kingdoms lay spread across the world like blue mantles beneath the stars /.../ Hither came Conan, the Cimmerian, black-haired, sullen-eyed, sword in hand, a thief, a reaver, a slayer, with gigantic melancholies and gigantic mirth, to tread the jeweled thrones of the Earth under his sandalled feet.
The Nemedian Chronicles, as quoted in The Phoenix on the Sword (1932), by Robert E. Howard.