Il y a plusieurs générations de romans de JLC : les polars (l'appel du mort), les romans de guerre froid (la taupe, la petite fille au tambour, l'espion qui venait du froid, une petite ville en allemagne...) et les romans "modernes", très caustiques (une vérité si délicate, le tailleur de Panama...).
J'ai découvert l'auteur à travers ses bouquins modernes, puis quelques romans de guerre froide.
J'avais essayé de lire La taupe en 2002, alors que j'étais déjà fan des romans caustiques de JLC, je n'avais pas du tout aimé et pensé que ce n'était pas pour moi.
Jusqu'à ce que Sabrina C. m'offre l'appel du mort, un chouette polar sur fond d'espionnage où apparaît George Smiley. Ca m'a fait plonger dans les histoires de George Smiley qui se passent autour des personnages du "Cirque". J'ai lu les gens de Smiley, qui est top, et relu la taupe, qui est un chef d'oeuvre.
Le pitch en est très simple : George Smiley, espion à la retraite, est chargé par un officiel de trouver qui, à la tête de l'agence d'espionnage du Royaume Uni, est le traître qui livre des secrets à l'Union Soviétique. Smiley va lire des dossiers, causer avec des gens, lire d'autres dossiers, causer encore, visiter ses propres souvenirs, aller à Oxford, penser à sa femme Ann, se faire moquer par des gens et finir, presque désolé, par démonter le mystère.
Pluie, Angleterre, manteaux gris, gens très humains, administrations plus ou moins bien gérées... Le décor n'est pas glamour. Smiley n'est pas glamour non plus. Et le roman est brillant.
D'abord, comme je l'ai dit sur les réseaux, parce que comme dans un bon bouquin de SF, on est transporté sans explication dans un autre monde, différent, dont on découvre les règles sur le tas. Ce monde est sans doute imaginaire (même si JLC a fréquenté le monde du renseignement, il a tout inventé sur le Cirque) mais tout sonne vrai et est sans doute vrai à la façon dont la littérature insuffle la vérité.
Ensuite parce que l'écriture nous emmène dans un labyrinthe de paroles, de pensées, de souvenirs. Qu'on parle de la vie qui passe, de la jeunesse, des amitiés, des amours, que tous les personnages sont touchants (même les imbéciles), qu'ils ont leur raison, qu'on a envie de les aimer. En bon écrivain, JLC s'intéresse aux gens. Et, Smiley, peut-être le plus fragile de tous, qui mène contre Karla, son équivalent russe, une guerre cruelle, est lui aussi très humain et porte sur tous un regard très doux.
La taupe est bien sûr un roman d'intrigues et de mystères. Mais ce n'est pas le plus important (en relisant, je me souvenais très bien de qui était le coupable, je m'en fichais). C'est surtout un magnifique roman de la parole, de la pensée, de la mémoire.
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