29 septembre 2013

Fête magique à Romainmôtier

A la fin de l'été, quelques jours avant la rentrée des classes, à Romainmôtier. Contempler l'abbatiale un moment puis traverser le village, longer le canal dans l'ombre des arbres et rejoindre un creux de terrain. Le grand chapiteau blanc est là, et des tentes, des roulottes, du vin, des poulets à rôtir sur la broche, des balançoires pour les enfants, des amis. Sous le chapiteau, des chaises, une scène de la musique, des contes...  Le jazz manouche de Gadjo  le restaurant un peu fou un peu crado du Quatuor bocal  l'énergie folle du Vufflens Jazz Band, la très belle Maria De la Paz, les contes en Kamishibaï de David Telese, et le folk-tradi-bricolé des Piémontais de la Quinta Rua du Ricetto de Candelo, mes favoris de cette année (salut Gabriele, Guido, Danda !) et tous ceux aux concerts desquels je n'ai pas pu assister. A la nuit, tout s'illumine, les acrobates passent dans des rayons de lumière. Des semaines d'efforts, de constructions bouclées à la dernière minute, mais qui valaient la peine (le petit bâtiment en miroirs dans les arbres, la roulotte, les auvents…), trois jours épuisants et magnifiques, la fête magique du Grand Meaulnes au bord du Nozon. C'était beau et précieux, à la fin de l'été.

Photos par Piotr Jaxa, Rafael Barria, LK2. Cliquez sur les images pour voir les albums.



Bonjour
Jour de beau
Bolero
Érotomane
Manuel

Elegant
Gandolofo
Faux-monnayeur
Heuristique
Tic tac toc
Toccata
Catastrophe
Ophélie
Lie de vin
Vin nouveau
Vomitoire
Artaban
Banc public
Hic et nunc 
Oncle d'amérique
Ric et rac
Raccourci
Cimeterre
Terrarium
Omnibus
Busiris
Irriguer
Guévara
Aramis
Mise en scène
Scène du chat
Chapiteau


Bienvenue aux scènes du chapiteau !

28 septembre 2013

Perturbation - à Vidy

On saura que Cecci et moi aimons Thomas Bernhard. La puissance de sa parole, son mordant, sa verve caustique. Les textes de Bernhard sont rarement agréables, ses sujets sont durs, mais quelle puissance, quel art ! Le sujet de Perturbation (mis en scène par Krystian Lupa à Vidy dans un spectacle de 3h30) : un médecin et son fils  - qui ne vont pas très bien - rendent visite à des malades, tout autant de corps que d'esprit. 
Malheureusement nous sommes partis au bout d'1h30.  Mise en scène à gros moyens, décors tournants, utilisation abusive des projections (je sais que c'est à la mode, mais stop ! Quand l'action passe dans les projections, je m'étrangle !), et en même temps texte aplati, action étirée, décor imposant plutôt que suggéré… Et surtout, au bout d'une heure, un des personnages qui se balade à poil. Une sorte de point de Godwin du théâtre : quand j'aperçois des organes génitaux masculins sur scène, je comprends que le metteur en scène n'a plus rien à dire… Cecci et moi encourageons d'ailleurs les programmateurs à indiquer sur le descriptif des pièces la présence ou non d'acteurs nus afin que les spectateurs puissent choisir en fonction.
Nous demandons pardon aux acteurs qui, dans tout ce désastre, étaient très bons.

27 septembre 2013

Lectures de science-fiction à l'Echandole

Je passerai pudiquement sur l'exposition Stalker à la maison d'ailleurs, que je n'ai pas du tout aimée. J'avais des attentes liées à la lecture du livre et surtout aux impressions que celui-ci avait provoquées (voir ici), elles ont été bien déçues. 


Après l'inauguration, la maison d'Ailleurs et la la troupe de théâtre des Artpenteurs (dont je dis du bien aussi souvent que je le peux) nous ont proposé dans le caveau de l'Echandole, en face de la maison d'ailleurs, à une lecture de textes de science-fiction sur le thème du post apocalyptique. Lecture agrémentée de sons, boucles, effets d'ambiance, en partie provoqués par le public ! Nous avons eu droit à des séquences bien choisies de La route, du cantique de Leibowitz, d'un curieux roman de Galouye (dont le nom m'échappe) et bien sûr de Stalker. Que dire ? C'était vraiment bien. Et surtout les Artpenteurs remettent ça trois fois tout au long de l'année. Allez-y, ce sera bien !


http://www.echandole.ch/programme/spectacle/radiophonic-sf-system-chroniques-hertzienne/

Programme :
Jeudi 31 octobre 2013, l'extra-terrestre
Jeudi 6 mars 2014, le robot
Jeudi 3 avril 2014, le sur-homme
Jeudi 1er mai 2014, l'homme cybernétique

26 septembre 2013

Blues Jeans - à Vidy


Nous avions manqué ces deux dernières années les spectacles du marionnettiste chinois Yeung Faï à Vidy. Cette fois-ci, nous avons su saisir l'occasion.


Installé dans la petite salle du théâtre, le spectacle met en scène une enfant, fille de paysans, partant pour la ville travailler jusqu'à l'épuisement dans une usine textile à fabriquer des blue-jeans. L'intrigue ne comprend rien de plus, pas de tournants ni de rebondissements, mais l'originalité du travail de Yeung Faï n'est pas là. Le spectacle se veut une sorte de documentaire à charge, monté avec un mélange de techniques étonnants : acteurs réels, projections, marionnettes, extraits de reportages, interviews… tout cela utilisé pour fabriquer des images et des impressions d'une grande force. Là où un reportage, par la mise en scène de cas particuliers et différents, aurait tenu le spectateur à distance, l'utilisation de cette famille archétypale et de cette enfant/marionnette saisit le spectateur droit au coeur, rendant certaines scènes presque insupportables de douleur. L'art et la beauté sont mis au service d'un discours très dur.



La construction de l'ensemble n'est pas parfaite. Si certaines scènes sont des évocations d'une grande puissance (la ferme, au début et à la fin, le patron de l'usine…) d'autres sont plus lourdes et didactiques, utilisant parfois un excès de prouesse pour un discours somme toute assez simple. Ces petites réserves mises à part, on a là un spectacle offrant un traitement très original, assorti d'une maîtrise technique irréprochable.

 




Photos (c) Mario Del Curto

25 septembre 2013

Quand notre monde est devenu chrétien - Paul Veyne

J'aurais bien du mal à rendre de compte de ce livre à la fois court et riche. Paul Veyne, grand historien de l'antiquité, et grand érudit, se livre ici à l'exploration d'un évènement historique ponctuel : la conversion de l'empereur Constantin au christianisme, autour de 312 de notre ère. Pourquoi ce geste ? Comment en a-t-on rendu compte ? Quel est son importance ? La foi de l'empereur était-elle sincère ? Politique ? Etait-ce un moment réversible ?
L'idée derrière le livre pourrait plaire aux amateurs d'uchronie : pour Paul Veyne, cette conversion, choix personnel et peu évident d'un homme politique à la fois pieux et rusé fait partie des moments de l'histoire où tout aurait pu tourner autrement… Un point de divergence potentiel, en quelque sorte. Si Constantin ne s'était pas converti, et son empire derrière lui, le monde aurait été bien différent. Dans différents chapitres courts, Veyne expose une vision très intéressante du christianisme, par rapport au paganisme, de ce que c'est qu'une religion, qu'une foi personnelle, un monothéisme, du poids, pas si élevé qu'on veut le penser (et qu'elles veulent le penser), qu'ont les religions dans la culture humaine. J'ai été saisi par la finesse de la pensée, l'élégance du style, l'humour de l'auteur. Le sujet l'emmène jusqu'à la fin du paganisme et à ses différents retours possibles (en passant par le règne important de Julien l'apostat), puis s'étend jusqu'à notre temps, après des détours par l'islam ou le judaïsme.
Une lecture très riche, point de vue d'un incroyant curieux sur un moment aux répercussions immenses. J'ai été fasciné, autant par les idées que par l'élégance et la classe de l'auteur.

Par ailleurs, une petite chose parmi d'autres, ce livre me convainc une nouvelle fois de combien les religions des pays plus ou moins imaginaires sont souvent traitées sans aucune compréhension du phénomène par leurs inventeurs, qui projettent par exemple sur les mythologies païennes tout un tas de concepts venus presque uniquement du christianisme (hiérarchies ecclésiale, foi intérieure, notion de religion "vraie", concepts dont Veyne dégage l'originalité).

17 septembre 2013

Knie - Emotions


J'ai déjà avoué ici mon goût pour le cirque. Après avoir chroniqué des trucs arty, et d'autres semi-arty, voici le compte rendu de notre passage annuel au cirque Knie.


Knie se présente comme une institution suisse : le cirque national, qui effectue 300 représentations par an, une tournée depuis le fin-fond des Grisons jusqu'au bout de la Romandie. Des dizaines de remorques, une ménagerie qui est un vrai zoo pour les petits, 4000 lampes sous chapiteau, un spectacle très pro, parfaitement réglé, avec des artistes internationaux, tara-zim-boum ! Le côté plus surprenant de Knie pour les Français est le remplacement des clowns par des comiques locaux, jouant à fond sur l'humour suisse, rarement très fin, souvent vulgaire genre comique troupier années 50 (j'avoue, toutefois, j'ai souri au show de Laurent Delahousse l'année dernière dans son rôle d'empêcheur de tourner en rond et d'importun. Sans doute parce que son personnage de Genevois râleur ressemble beaucoup au Français râleur). 
Comme Knie a de l'argent, les spectacles de ce cirque sont aussi l'occasion de voir d'excellents artistes, plus ou moins bien mis en scène.


Le cru de cette année est plutôt très bon, si on enlève les numéros comiques (même s'ils comportent quelques jolis moments, le duo full house livre des numéros un peu vieillots, et Steve Ekely ne m'a pas convaincu). Pour le reste, c'est un spectacle de grande classe, beaucoup plus beau et touchant que d'habitude et je ne pensais pas dire ça un jour d'un spectacle de Knie. Le numéro d'entrée mêlant cavalerie et acrobaties, avec une troupe énergique de danseurs ukrainiens est réellement superbe de fluidité et d'élégance. On a vu aussi un très beau numéro de portés acrobatiques (le duo You & Me), une troupe d'acrobates chinois sur monocycles et une troupe de trapèze volant nord-coréenne épatantes. J'ai été moins convaincu par le spiderman qui marche à l'envers au sommet du chapiteau : OK pour l'exploit physique, mais je n'ai pas le goût du sang et j'ai eu peur tout le temps que ce type se tue (je n'ai vu aucun dispositif de sécurité).



Mais au delà de tout ça, le spectacle était superbe dans le domaine le plus décrié du cirque à l'ancienne : les numéros animaliers. Knie, comme Grüss en France, c'est une famille d'écuyers. Là, les chevaux étaient superbes, les numéros de dressages, cabrés, les tableaux avec chevaux arabes ou frisons hollandais étaient magnifiques, au niveau de ce que fait Alexis Grüss à Paris. Un artiste italien a aussi présenté un superbe numéro de dressage d'oiseaux tandis que le numéro avec les éléphants était extraordinaire. De la beauté, de la finesse et du rêve comme j'en ai rarement vu dans ce domaine. Un très bon spectacle, Amaranthe et Héliflore ne s'y sont pas trompées !









12 septembre 2013

Wouaf Art - Au petit théâtre

Nous avons donc emmené Amaranthe et Héliflore assister à une conférence sur la place du chien dans la peinture occidentale, donnée par mademoiselle Jeannette, dont c'était la toute première conférence en public. Bon. Le micro marchait bizarrement, la moitié des accessoires étaient mal branchés et mademoiselle Jeannette cachait difficilement son admiration pour la grande et belle Linda Beauregard qui parle si bien avec des mots si compliqués. Et puis les objets se sont comportés de manière bizarre, une écharpe s'est transformée en chien, une poubelle s'est mise à... vous n'avez qu'à aller voir le spectacle pour le savoir.


Mademoiselle Jeannette est incarnée par Guandaline Sagliocco (qui a vraiment un chien qui s'appelle Fiona, a appris Amaranthe en la rencontrant en coulisse), la conférence est complètement fêlée, les enfants rient beaucoup, les adultes aussi et on voit même, en prime, une conférence sur la place du chien dans la peinture occidentale (où on apprend pourquoi Pedro, le chien de la famille royale, est poussé de côté dans las meninas).


Ce spectacle a beaucoup tourné, il passera peut-être près de chez vous. En tous cas il, est jusqu'au 15 septembre au petite théâtre de Lausanne, dont je ne peux que louer la qualité de la programmation.




09 septembre 2013

Géométrie de caoutchouc - à Vidy

Imaginez un grand chapiteau de cirque, carré. Vous êtes dedans. Et devant vous, ni scène, ni piste, mais un autre chapiteau, blanc celui-ci. Des ombres évoluent sous sa surface, mains, bras, sirènes, poissons/oiseaux triangulaires... 


Puis un orage éclate et des personnages bizarres s'extraient de sous la toile pour évoluer non plus dans mais hors du chapiteau. Ses suspendre, grimper, sauter, glisser, rebondir, bizarres, désarticulés, comme des toons élastiques. Peu à peu, ils apprivoisent ce nouvel univers, extérieur...
Géométrie de caoutchouc est un spectacle de "nouveau cirque", comme on appelle ce genre de show poético-arty-bizarre. Les dix premières minutes sont un peu longues, nous avons failli sortir, d'autant que nos deux satellites Amaranthe (6 ans) et Héliflore (5 ans) trouvaient toutes ces ombres assez intimidantes. Mais quand elles ont vu les personnages dévaler les pentes, sauter, glisser et rebondir, nous les avons entendues rire et nous sommes restés, à raison, pour profiter de ces étranges visions. Exploration d'un monde, exploits de sauts, interactions d'une troupe, d'un peuple, avec une bien étrange machine de toile, de poids et de cordes, Géométrie de caoutchouc offre des images merveilleuses. Et à la fin, quand tout s'effondre et se replie, Héliflore, qui a tout compris, s'est réfugiée dans nos bras en pleurant.

Un spectacle d'Aurélien Bory, avec huit acteurs formidables. Jusqu'au 15 septembre au théâtre de Vidy, à Lausanne.





04 septembre 2013

Ecrire les rêves


Pourquoi m'être acharné à lire les Contrées du rêve ?
Un chemin obscur relie ces terres à l'archipel de C. Priestaux récits fous que Gérard de Nerval a rapportés de ses voyages dans l'au-delà dans son Aurelia
Je cherche des livres qui saisissent quelque chose de l'essence des rêves. Paradoxes, beauté, cauchemars, pulsions érotiques, glissements impossibles. J'ai essayé d'écrire de telles histoires.

Les rêves des autres sont ennuyeux. Les Contrées du rêve de Lovecraft m'ont souvent fait bailler, j'ai dû me forcer pour lire les délires de Nerval. Et c'est à cause de leur érotisme prononcé que j'ai tenu bon dans les îles de Christopher Priest. Ecrire le rêve force à être concis, dense, à savoir faire glisser les scènes, à réussir à capturer des paradoxes de la vie inconsciente, sans les forcer. Alice documente bien la géographie des rêves, chutes et portes minuscules, océans de larmes où l'on ce noie. Randolph Carter visite des pays à la géographie bizarre, il quitte le pays des dholes par une échelle jetée depuis un cimetière, une éternité plus haut. Il navigue, vole, s'égare dans des labyrinthes, tombe dans des puits. Les paradoxes de la géographie de l'archipel du rêve, eux, sont documentés par Chester Kammerston dans l'introduction des insulaires : lieux aux noms flous, répétitifs, parcourus par des activités absurdes en écho d'une île à l'autre. Parcours incertains, routes maritimes ne favorisant que l'errance du voyageur. Chez Nerval, les visions fantastiques allant de Paris, des salons jusqu'au sommet d'Olympes terrifiantes n'ont même plus besoin de ces transitions : contrairement à Priest et à Lovecraft, Nerval n'a pas tenté de stabiliser ses univers oniriques dans des terres imaginaires dans lesquelles revenir coller des récits, écrire des histoires reste leur ambition. L'Aurelia de Nerval est un pur rapport d'explorations et de visions, le compte-rendu d'un voyage effectué dans un au-delà souvent visité, jamais documenté.



Ecrire les rêves est une forme de distillation. Ecarter les motifs trop fades, donner une forme à ce qui n'en n'a pas. Reproduire sans figer, garder un oeil intérieur ouvert dans les moments de demi-sommeil, savoir que ça ne rendra peut-être (sûrement) rien. Et que tout se déchirera et disparaîtra à l'éveil, les douceurs, les cauchemars, les femmes à la beauté vénéneuse et que nous frissonnerons dans le froid du petit matin.


03 septembre 2013

Le peintre de batailles - Arturo Perez Reverte

Quand j'étais petit, je voulais ressembler à Arturo Pérez Reverte. Il est beau, il écrit des romans à la fois populaires et intelligents, il sait même jouer au wargame napoléonien (voir Club Dumas). J'ai toujours un vrai plaisir à lire ses livres, même quand ils sont ratés, car oui, même un type ultra cool comme APR foire des livres.
Le peintre de batailles en fait partie.

Faulques, un ancien reporter de guerre, s'est retiré dans une vieille tour pour peintre une fresque très personnelle sur la guerre. Il reçoit la visite d'un homme qu'il a photographié jadis et qui lui promet de le tuer, après avoir causé un peu.
Le roman, à travers une série de rencontre entre le tueur et Faulques, plonge dans le passé d'un homme qui a couvert des conflits affreux, dont la mémoire est pleine de cadavres, de meurtres, d'horreurs. Le dialogue avec le visiteur se peuple de réflexions sur la guerre, la photo, la peinture et - au final - le mal, dans une perspective très dure et très noire.
On trouve dans ce peintre de batailles un certain nombre de tropisme Revertiens : un héros qui a vu du monde, buriné et viril. Une très grande culture, ici picturale et historique, une femme aux yeux verts à la beauté impossible, sorte de fantôme insaisissable qui hante le héros (il y avait la même, je crois, dans Club Dumas. Et dans le cimetière des bateaux sans nom. Et dans la peau du tambour.) Malgré des évocations saisissantes (et parfois à vomir) de certaines scènes de guerre, malgré un certain talent à évoquer les images, le roman sombre dans un didactisme lourd et froid, qui m'a souvent donné envie de sauter des pages. On sent que l'auteur a effectué un travail sur sa propre mémoire, ses propres souvenirs de grand reporter, son passage du journalisme à l'art (l'écriture plutôt que la peinture) mais ce récit lent et pesant peine à intéresser. Mais je lirai d'autres livres d'Arturo, c'est sûr.


02 septembre 2013

Neonomicon - Moore et Burrows

Je suis dans une période lovecraftienne, je suppose que les étoiles sont propices (Nebal, lui-même…). Le grand Cthulhu rêve et inspire les blogueurs à pondre des billets innommables, vice auquel cède le cultiste dément Gromovar. Ainsi, n'hésitant à amener mon esprit aux frontières de la raison, je me suis lancé dans ce Neonomicon d'Alan Moore.
Ce comic assez court, par le meilleur scénariste de BD du monde, raconte en deux parties les enquêtes d'un groupe d'agents du FBI sur des meurtres mystérieux et des cultistes bizarres, de nos jours ou à peu près. On peut dire qu'aucun d'entre eux n'en sortira indemne. Servi par un dessin réaliste de qualité (quelques-unes des visions de Burrows sont même très réussies), Moore nous livre - outre un récit fort prenant - un véritable jeu littéraire lovecraftien, bourré de références, reprenant, détournant, complétant avec intelligence l'héritage de l'aimable gentleman de Providence. Je ne suis aussi enthousiaste que Gromovar, mais je reconnais qu'on a là un récit malin, bourré d'idées, qui fera plaisir tout autant à l'amateur de visions d'un au-delà indicible qu'au joueur de jeu de rôle qui y trouvera nombre de belles idées. Je regrette, je pense, le manque de développement de certaines idées, sur la véritable nature de R'lyeh, le rôle de Johnny Carcosa ou la vertigineuse vision du plateau de Leng. J'aurais voulu encore plus de terreurs cosmiques.