Le roi en jaune est un élément vicariant de la mythologie lovecraftienne. Les nouvelles qui constituent ce recueil sont plus anciennes que les textes de HPL (1895) et ont été écrites par un riche Américain ayant étudié les arts à Paris.
Le plus fascinant dans tout ça, pour moi, c'est la façon dont ces textes se sont retrouvés à faire partie d'une sorte de "canon" culturel de textes fantastiques (avec certains écrits d'Arthur Machen, de Lord Dunsany ou d'Ambrose Bierce) parce qu'ils ont été des inspirations pour Lovecraft. Et ainsi, annexés à cet univers fantastique flexible qu'est le mythe de Cthulhu, voici Chambers, qui n'en demandait sans doute pas tant, devenu une célébrité pour les fans du mythe (dont je suis).
Le roi en jaune sert d'inspiration à plusieurs scénarios et campagnes pour l'AdC. Impossible landscapes, Tatters of the King ou bien le septième chant de Maldoror. C'est aussi une des influences de la première saison de True Detective que j'ai donc envie de revoir parce que, justement, en ce moment je suis dans un trip in yellow.
J'en ai donc profité pour relire le recueil.
Les histoires du roi en jaune mettent en scène des artistes bourgeois dans le Paris ou le New York des années 1890. Les quatre premiers récits sont fantastiques et reliés par le thème du fameux roi en jaune, la pièce de théâtre dont la lecture plonge dans la folie. Le quatrième, la demoiselle d'Ys, est une médiévalerie bretonne et les suivantes sont des récits plus "réalistes", trop sirupeux à mon goût.
Le romantisme décadent de Chambers est plein de jeunes hommes tourmentés et de pures jeunes filles, qu'elles soient de bonne famille (comme Geneviève) ou plus vulgaires, comme la modèle sexy du peintre dans le texte "le signe jaune". La sexualité est hyper esthétisée et à la fois très présente et cachée sous le tapis.
Les quatre contes fantastiques du cycle du "roi en jaune" sont tout de même de bons textes et je comprends comment ils ont pu inspirer HPL. Ils contiennent chacun, à leur manière, de bonnes doses de bizarreries déroutantes, de personnages grotesques, de folie rampante. Leurs incohérences, leur réalisme flottant, leurs idées surprenantes donnent un vrai plaisir de lecteur. Et, tout au centre, comme un murmure encore plus bizarre, flotte cette fameuse pièce de théâtre dont la lecture ébranle les esprits et dont les personnages et les visions hantent les narrateurs.
D'une certaine manière, tout se retrouve dans ce paragraphe de la nouvelle "le restaurateur de réputations". Tout un souffle d'idées, d'histoires, dans ces quelques phrases.
Bref, ça vaut le coup de lire ces textes. Je me suis même commandé une autre édition du recueil (oui, bon, je sais, on dirait que je me comporte comme un des bourgeois esthètes des récits, well...). J'ai la Malpertuis, qui est pas mal. Je vais me procuré celle de Callidor, avec des illustrations dedans.
Peut-être que je publierai un petit commentaire de l'intéressante campagne des Oripeaux du roi, dont l'architecture et les personnages sont, à la fois, un écho intéressant à Chambers et une certaine originalité dans le monde du Jdr.
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