Nous avions observé voici quelques années que les jeunes parents réussissaient à aller au cinéma deux fois par an. Et bien c'est vrai ! Voici donc notre deuxième sortie de l'année...
Valse avec Bachir est un objet étrange et un film magnifique. Le réalisateur a été soldat dans l'armée israélienne lors de la guerre du Liban au début des années 80. Ce film d'animation est une plongée dans sa mémoire, à travers le récit d'une enquête menée par le réalisateur et les interviews d'anciens combattants de sa génération. Et ces interviews, ces conversations deviennent le support d'images hallucinantes, oniriques, surréalistes, magnifiques. C'est connu : le film d'animation demande de penser chaque scène, chaque image, jusque dans ces détails. De rêver la réalité. Ici, il devient un bel outil pour raconter l'inracontable, la beauté et les effrois de la guerre, les sensations des jeunes hommes de 18 ans à qui on a mis un fusil dans les mains. Le procédé est voisin de celui employé dans la BD documentaire (genre le photographe) mais la personnalisation de la narration permet une plongée subjective et émotionnelle beaucoup plus forte que dans le photographe, par exempl, soutenue par des images souvent oniriques et une excellente musique.
Plongée en spirale dans la mémoire, interrogation sur les souvenirs, sur le rapport aux évènements passés, sur l'implication, la culpabilité, Valse avec Bachir enchaîne les scènes fortes, belles, insupportables. Fusées éclairantes sur le décor post-apocalyptique des immeubles de Beyrouth, reflet d'un homme dans l'oeil d'un cheval mourant, traversée d'un verger à la poursuite d'un enfant armé d'un RPG, évacuation des morts vers la "grande lumière". Et la danse de Frenkel, sous les tirs des snipers et les immenses portraits de Bachir Gemayel.
- Pourquoi est-ce qu'on tire tout le temps? On ne devrait pas prier, plutôt?
- prie, et tire.
Photos extraites du site du film.