Grâce au Grand j'ai pu lire, d'un coup, les 5 premiers tomes de la série Seuls, de Gazzotti et Vehlmann. D'un coup, c'est le cas : il y a suffisamment de suspense et de terribles cliffhangers pour ne pas lâcher les albums et passer tout de suite d'un tome à l'autre.
Voici le pitch : une ville moyenne de France. Un matin, cinq gosses (qui ne se connaissaient pas) se réveillent. Tout le monde a disparu, les adultes, les enfants, les vieux... La ville est vide. Ils sont terrorisés, se croisent, se réunissent, forment une petite bande. Voici donc Dodji, orphelin et dur à cuire, Leila, énergique et bricoleuse, Yvan le fils de riche, Camille la petite blonde à lunettes et Terry le sale gosse.
Et bien sûr, ils cherchent d'autres survivants...
Le scénario est bien mené, les personnages sont attachants, le dessin de Gazzotti (qui a aussi fait l'excellent Soda) marche très bien, c'est une très bonne série, très recommandable. Elle vise les enfants mais n'hésite pas à aborder des scènes assez dures - les animaux font franchement peur, les personnages souffrent et saignent, les gosses de cette histoire sont modernes, ils ont entendu parler du sexe, du 3ème reich et ils se posent d'amusantes questions. Yvan a même une culture SF ce qui lui permet de faire une mise en abyme et de faire le tour, dans le premier tome, des principales hypothèses liées à la disparition des autres...
Il s'agit donc d'une BD hautement recommandable, merci le Grand.
Je voudrais ajouter une petite considération scénaristique : cette série fonctionne sur le mode suivant : chaque tome contient une histoire indépendante qui participe à l'arc narratif global, ce dernier étant basé sur le mystère de la disparition. Cette construction est solide et fonctionne bien. J'ai toutefois trouvé les questions posées par les différents épisodes, pris individuellement, et les solutions proposées, plus intéressantes que le traitement du Grand Mystère, qui ne peut être que décevant. En ça, le cinquième tome, qui apporte quelques réponses, m'a paru moins bon que les autres.
Je vois là une évolution de mon goût personnel : je préfère les mystères aux explications. L'émotion artistique que me procure le mystère est bien plus grande. J'aurais parfaitement pu imaginer que les personnages de Seuls trouvent non pas une, mais plusieurs explications cohérentes au phénomène dont ils sont témoins, aucune n'étant pleinement satisfaisante, et qu'ils continuent leurs aventures dans ce monde sans jamais rien comprendre. Un peu comme nous autres hommes face aux grands mystères de la science ou de la foi.
Ce goût pour l'incompris risque d'influencer, en mal peut-être, mes prochaines productions personnelles... On verra.