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J'avais lu le pendule de Foucault pour faire jouer à Nephilim, il y a presque vingt ans de ça. Je m'étais un peu barbé mais j'avais beaucoup appris, leçon d'occultisme brillante et totale en un tome. Tout y est, Templiers, courants telluriques, kabbale, vaudou, da-vinci-conneries entièrement dévoilées bien avant Dan Brown. Toutes les assonances, tous les mystères, jusqu'aux frontières de la magie, jusqu'au moment où les imbéciles à la voix haut perchée jouant aux initiés ou aux initiateurs s'avèrent, au fond du paradoxe, avoir raison.
Vingt ans plus tard, je peux me permettre de critique le roman. Oui, Eco frime un peu (il peut, il sait tout - ou presque), oui c'est un peu long ici ou là. Mais tout y est, reflet de la forme et du fond, sens de la Tradition, ce à quoi nous aimerions croire, ce à quoi nous ne croyons plus. Le pendule de Foucault n'est pas un thriller ésotérique, c'est juste le livre ésotérique total, qui embrasse tout l'occultisme, qui mêle un feu d'artifice de connaissances à une chronique de la perte des idéologies en Italie, à la naissance des années de plomb, à une histoire d'amour où la vérité du monde se mesure avec les cinq doigts de la main, où tout le mystère du Grand Plan rejoint celui de l'enfant endormi dans le ventre de la femme aimée. Absolument brillant.