Ce roman de Christopher Priest est une réédition d'un roman apocalytique publié dans les années 70. Suite à une catastrophe dont, au fond, on ne sait pas grand-chose, des millions d'émigrants quittent l'Afrique dévastée et débarquent en Angleterre, provoquant le cauchemar sur lequel surfent les Le Pen & co depuis des dizaines d'années.
Le pays accueille d'abord ses réfugiés puis se retrouve débordé, la récession économique s'installe, le tissu de la société se déchire et on bascule peu à peu dans la guerre civile...
La grande réussite de ce roman repose sur sa mécanique de narration. On suit les souvenirs et les errances de Whitman, un type de la classe moyenne franchement moyen, gentiment de gauche, mal marié et papa d'une fille qu'il aime. Le récit éclaté, limité au point de vue de Whitman, naviguant sans repères précis entre sa vie personnelle et le déroulé de la crise, est vraiment très réussi.
Pour le reste, Notre île sombre m'a laissé une sorte de malaise, un sale arrière-goût. Non pas à cause du racisme potentiel du sujet, avec lequel le livre se dépatouille bien, mais à cause de la psychologie très déplaisante et égoïste du personnage principal. J'ai eu l'impression de regarder à l'intérieur de quelqu'un dont j'aurais préféré qu'il garde ses pensées (notamment sexuelles) pour lui.