Je continue dans mon exploration des scénarios du recueil pour Cthulhu Invictus : De horrore cosmico, série d'enquêtes surnaturelles dans la Rome de Domitien.
Revenons-donc à De horrore...
Après the Vetting of Marius Asina, de bonne mémoire, nous avons enchaîné sur Doom. Si vous avez l'intention de le jouer, veuillez fermer les yeux durant la lecture du reste de ce billet ! (l'Ordinateur, votre ami, saura s'en souvenir)
Doom a un joli principe de base : mémoires peu fiables, anciens militaires, rêve de destruction, souvenirs de massacres... Mais l'implication des joueurs, le déroulé de l'aventure et surtout le Grand Ancien du jour sont un peu faibles. Je n'aime pas trop les gros lézards, sauf dans Jurrasic Park.
Un peu de bricolage narratif
voici la manière par laquelle Doom a été lié au scénario précédent : Gnaeus Tremulus rêve et est hanté. Cassia, son épouse, finit par consulter des devins officiels au forum. Les problèmes de son mari arrivent aux oreilles de Thallia Prima, fille de Lucius Thallus et vestale. Cette dernière se souvient de l’intelligence avec laquelle Flavia Agrippa s’est occupée de l’affaire Asina. Un conseil divin arrive alors, qui pousse Cassia à quémander l’aide de Flavia...
voici la manière par laquelle Doom a été lié au scénario précédent : Gnaeus Tremulus rêve et est hanté. Cassia, son épouse, finit par consulter des devins officiels au forum. Les problèmes de son mari arrivent aux oreilles de Thallia Prima, fille de Lucius Thallus et vestale. Cette dernière se souvient de l’intelligence avec laquelle Flavia Agrippa s’est occupée de l’affaire Asina. Un conseil divin arrive alors, qui pousse Cassia à quémander l’aide de Flavia...
Par ailleurs, Tremulus est un ancien camarade de légion de Titus Armilius, le nouveau mari de Flavia (elle s’est remariée entre les deux scénarios. Pression sociale, quand tu nous tiens…)
Pour le reste, l'action finale a été transposée d'Egypte en Lybie, avec un gros méchant rendu un peu plus abstrait. Le gros pavé qui suit décrira quelques idées/délires de background., en se souvenant que j'essaie toujours de considérer les éléments fantastiques comme une option, une interprétation.
Elements de contexte
La cause profonde des tremblements de terre et autres éruptions volcaniques est liée aux mouvements tectoniques de la surface terrestre et aux forces immenses qui se jouent dans le noyau terrestre, nous croyons le savoir. Mais si ces forces avaient un nom ? Une conscience ? (ou si "quelque chose" vivait "dans" ces forces ?)
Les Egyptiens adorent le dieu souterrain sous le nom de B’KH’R’T (Bekhret). Il s’agit dans leur représentation d’un serpent qui se mord la queue aux innombrables anneaux, qui ne cesse de rouler lentement sous la terre, sauf quand on l’irrite et que ses anneaux se tordent, et qu’alors la terre tremble… Son symbole est parfois une spirale (comme l'emblème d'Asina, tiens, tiens).
Une champignon poussant uniquement dans certains cavernes (« aureus silphium ») permet, quand absorbé, d’entrer en contact par le rêve avec B’K’R’T, de comprendre les forces qui le traversent, voire, quand on est doué, en traçant des triangles (longs parfois de plusieurs milliers de kilomètres) à la surface de la terre, d’envoyer les forces tectoniques d’un point à un autre et de provoquer des tremblements de terre.
On trouvait l’aureus silphium à Ib, ancienne « ville » située aux limites du Sahara, dans les profondeurs de la Cyrénaïque. Là, un groupe d’initiés shootés au rêve, aux visages très blancs (à force de dormir sous terre dans les cavernes emplies de champignons) rêvaient en contact avec les forces souterraines. Ils ont donné naissance à la légende des Lothophages mentionnés dans l’Odyssée. Ils sont aussi l'écho des hommes d'Ib mentionnés par le scénario.
Durant les guerres puniques, Carthage instrumente Ib (ou Ibbas) pour envoyer des rêves néfastes aux Romains et des tremblements de terre vers chez eux. Ca marche plus ou moins, les Romains gagnent la guerre comme on le sait mais certains d’entre eux on entendu parler d’Ib et n’oublieront pas.
Durant les guerres judéennes en 70, quelques Juifs installés en Cyrénaïque (ou d'autres ?) font de nouveau appel aux pouvoirs d’envoi de cauchemars et de tremblements de terre des quelques initiés vivant encore à Ib. Un chef romain comprend d’où viennent les coups et envoie un détachement mené par Tremulus régler définitivement le problème. Après un voyage cauchemardesque, Tremulus massacre les derniers Ibiens (et perd presque tous ses hommes), puis il oublie tout ça. Une convulsion de B’K’R’T entraine la quasi disparition d’Ib.
Tremulus rentre à Rome, où il finit par devenir un des principaux responsables des constructions impériales dans la ville (une sorte de chef de projet des travaux envisagés par le prince…).
Un des Lothophages, « Taran Ish » initié pâle aux yeux écarquillés a toutefois survécu. Il lui faut des années pour se remettre et trouver des alliés pour remonter son ancien culte. Il s’entend avec Aulus Labienus, gouverneur de Cyrénaïque, dignitaire romain infusé de cultes orientaux, ancien Légat de légion et lointainement apparenté à Marc-Antoine. Ce dernier accepte la proposition de redresser Ib (où l’on va construire sur ses indications un sanctuaire à l’Artemis d’Ephèse - déesse souterraine et forme de Terra Mater). Labienus se rêve en sauveur de l’Empire. Taran Ish, lui, veut se venger de Tremulus et de Rome. Il enchante la demeure de Tremulus (déposant chez lui une idole en forme de spirale, couverte de silphium doré) et vole ses dieux domestiques. Son but est de créer un point d’ancrage, un "triangolos" magique reliant l’Etna (où l’on adore B’K’R’T sous le nom de Vulcanus Aetnus), Ib, et Rome...
Si les plans d’un Lothophage seul et shooté en permanence, d’un gouverneur trop ambitieux pour son bien, ont la moindre chance d’aboutir vraiment ou s’ils sont juste des rêves de travers d’une bande de bras cassés, c’est à vous de voir. Le fait est que Tremulus est hanté par des rêves terrifiants, que la terre tremble à Rome et que quelques bâtiments - construits par lui — s’effondrent.
J’ai déjà été long avec ces explications alambiquées, mais je voulais par rapport au scénario d'origine compliquer les explications, noyer les causes dans des réseaux plus profonds, que les PJs se perdent dans des considérations sur l’histoire ancienne et sur ce qu’on en raconte.
Nous avons joué tout cela dans une ambiance à la Tim Powers, Tremulus rêve, prévoit en rêve que des bâtiments s’effondrent… Les enquêtes des PJs les mènent à Pline le jeune (qui saura, en consultant les notes de son oncle, saura identifier le silphium doré), puis aux voyages de Scylax (où ils entendront parler d’Ib et des Lothophages) enfin jusqu’à l’initié égyptien Nephotès qui initiera en partie Germanicus aux secrets de Bekhret...
Nous avons joué tout cela dans une ambiance à la Tim Powers, Tremulus rêve, prévoit en rêve que des bâtiments s’effondrent… Les enquêtes des PJs les mènent à Pline le jeune (qui saura, en consultant les notes de son oncle, saura identifier le silphium doré), puis aux voyages de Scylax (où ils entendront parler d’Ib et des Lothophages) enfin jusqu’à l’initié égyptien Nephotès qui initiera en partie Germanicus aux secrets de Bekhret...
Les PJs ont l’impression d’être seuls à avoir compris un monstrueux secret, sans vraiment être sûr de ce qu’ils ont compris. Il faudra une intervention des vestales pour les envoyer enfin vers la Cyrénaïque (mais ceci fera l’objet d’un autre billet)...