Pas évident de chroniquer ce livre, lu sur les conseils avisés de Gromovar et de Charybde/1/2 (je suis comme ça, mes amis ont de drôles de noms).
La biologiste fait partie de la douzième expédition lancée dans l'exploration de la zone X, en compagnie de la psychologue, la géomètre, l'anthropologue et la linguiste. Pour se promener dans ce paysage qui rappelle les marais de Floride, dont on devine qu'il se trouve quelque part dans notre monde, les membres de l'expédition n'ont droit qu'à du matériel datant d'avant le numérique, à de vieux pistolets et fusils et à des cahiers à carreaux pour noter leurs journaux. Elles ont laissé leurs noms derrière elles et ont l'esprit, peut-être, chargé de suggestions hypnotiques. Sont-elles vraiment là où elles sont ? N'y a-t-il eu que onze expéditions précédentes ? Voient-elles ce qu'elles sont supposées voir ? Quelle est la dimension réelle de la zone X ?
Autant le savoir avant de lire, vous n'aurez pas de réponses à ces questions, juste d'autres questions pour les accompagner. La biologiste fera des découvertes qui ouvriront des perspectives sur d'autres choses, sans jamais apporter de vision globale satisfaisante. Peut-être parce que notre esprit ne supportera pas la vision globale.
Ce livre est fait pour ceux qui, comme moi, préfèrent les mystères aux réponses qu'on leur apporte. Cela pourrait être frustrant, mais je suis resté tout le temps bien pris par le livre. Peut-être parce qu'il est court, peut-être aussi parce que l'auteur développe, dans le récit de biologiste, une sorte de poésie étrange, vivante, biologique qui a sa propre musique et son propre charme. Je n'ai rien compris mais me suis laissé porter avec douceur par ce récit suave, sanglant et amer. Ceux qui ont aimé la Cité des saints et des fous (j'en suis) retrouveront quelque chose du charme un peu pourri d'Ambremer.
Vandermeer me semble se situer sur une ligne post-lovecraftienne, tentant d'écrire, du mieux qu'il le peut, la rencontre avec l'autre non humain. Belle ambition.