On ne parle pas sur ma passerelle, sauf pour raison de service |
Dans la carrée d'un navire de la marine nationale, vers 1975, des hommes échangent des histoires sur un officier qu'ils ont bien connu : Willsdorff, alias le crabe-tambour. Les vagues balaient le pont avant du navire, l'ambiance austère à bord est presque monacale, de grandes gerbes d'écume s'abattent sur les canons et la tourelle de l'escorteur d'escadreen mission d'assistance à la pêche (une pratique remontant à l'ancien régime) et le portrait de Willsdorff se dessine dans les récits et les souvenirs, ponctués des anecdotes bretonnes macabres du chef-mécanicien. On voit apparaître l'histoire récente de la France, les guerres de décolonisation au Vietnam, la guerre d'Algérie, le putsch des généraux... Cette construction de récits emboîtés au fil des souvenirs est menée avec une grande élégance. Film de militaires, film qui parle de la guerre, le crabe-tambour ne comporte pas beaucoup de scènes d'action ou de violence (même si le souvenir des combats est toujours là). On y voit des hommes qui parlent, boivent et surtout travaillent. La mer, les navires et les marins y sonnent vrai. Le comportement des uns et des autres ne s'explique pas entièrement, les gens ont leurs secrets et les explications qu'ils donnent de ce qu'ils ont fait... valent ce qu'elles valent.
Jean Rochefort est très bon dans le rôle du vieux commandant pas drôle du tout, les autres acteurs (Perrin, Rich, Dufilho que je découvrais) sont à la hauteur. Un très beau film.