Nous avons donc regardé avec Rosa et Marguerite Edward aux mains d'argent,
 comme film du dimanche soir. Histoire de nous souvenir que Johnny Depp 
n'a pas tout le temps joué le capitaine Jack Sparrow, et que Tim Burton a
 été un temps un cinéaste avec un univers très fort.
 Tout
 le monde connaît l'histoire: une vendeuse de cosmétiques au 
porte-à-porte toque à la porte d'un château gothique à savant fou et 
ramène dans sa banlieue proprette (magnifique suburbia aux tons pastel) 
la créature qui y vivait.
Le
 souvenir du film s'était estompé dans ma mémoire. Bien sûr je me 
souvenais des haies taillées en forme de dinosaures et du snikt, snikt, 
snikt qui accompagne les mouvements d'Edouard avec ses très grandes 
mains dont il ne sait pas quoi faire. J'ai redécouvert un film à la 
narration resserrée, bien monté (au ciseau), des personnages secondaires
 dessinés à l'acide et un univers vraiment inquiétant. On passe le film 
entier à craindre que quelqu'un se coupe, que quelque chose soit détruit
 par les longues lames d'Edouard. L'horreur sanglante est toujours 
sous-jacente et n'apparaît (presque) jamais ce qui donne au récit une 
tension étrange et dérangeante.
Les
 scènes finales (paniques, coupures, poursuites...), après tout le temps
 passé dans la banlieue à la guimauve, prennent une connotation 
particulièrement dure, adoucie par le fin kitsch et poétique.



 
