05 juillet 2006

L'illusion comique - au théâtre de poche Montparnasse

"C'était bien l'illusion comique hier... Léger et juste comme un rêve... C'est le songe d'une nuit d'été de Corneille. "
Voilà ce que tu as dit ce matin, après avoir vu la pièce mise en scène par Marion Bierry. Je ne connaissais pas la pièce, ni ce minuscule théâtre de poche (Montparnasse), ni cette troupe.
Alors dans une toute petite salle, avec de petits moyens, le décorateur a reconstitué la grotte du magicien Alcandre, que vient visiter une mère éplorée : son fils a disparu, elle en veut avoir des nouvelles.
Alcandre, fin et élégant, un masque vénitien tenu sur la visage, va dévoiler le destin de Clindor à sa mère inquiète :

Sous une illusion vous pourriez voir sa vie,
Et tous ses accidents devant vous exprimés

Par des spectres pareils à des corps animés :
Il ne leur manquera ni geste ni parole.

Et quel destin ! On aura des intrigues, une troublante Isabelle, une espiègle Lyse, un Matamore, capitaine prétentieux prétendant avoir vaincu tous les princes de la terre. Il y aura aussi des meurtres, des trahisons, une évasion, des retournements et des rebondissements dans tous les sens, et même de jolis passages chantés.
Le texte est magnifique, plein de poésie et de bons mots, en digne ancêtre de Cyrano. Corneille s'y montre virtuose, à la fois drôle et sérieux, loin de l'austère tragédien qu'on présente parfois à l'école.
La troupe donnait l'impression d'un grand bonheur de jeu, d'une grande complicité. La pièce a été adaptée intelligemment, tordant un (petit) peu le texte et respectant bien l'esprit.

On en est sortis très heureux, très légers.

... A présent le théâtre
Est en un point si haut que chacun l'idolâtre,
Et ce que votre temps voyait avec mépris
Est aujourd'hui l'amour de tous les bons esprits,

PS : tous les acteurs sont bons, les costumes sont beaux et la mise en scène très légère. Seule l'affiche est vraiment moche. Mais qu'elle ne décourage pas d'aller voir la pièce !
PPS : la pièce m'avait été recommandée par Le masque et la plume. Merci à Jérôme Garcin et ses chroniqueurs !

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