24 avril 2008

Un retour à Lankhmar...

A cause d'un projet de partie de jeu de rôle, et par plaisir aussi, j'ai relu presque tout le cycle des épées, de Fritz Leiber, mettant en scène les inoubliables Fafhrd et le Souricier gris.
Faut-il relire ce qu'on a aimé adolescent? Les déceptions peuvent être cruelles... Mais ça na pas été le cas avec cette relecture-là, qui m'a procuré une nouvelle fois le même plaisir. Certes, toutes les histoires ne sont pas bonnes. Certes, le style est parfois inégal... Mais le plaisir est là. Plaisir d'une sword & sorcery a visage humain, avec des héros pleins de faiblesses. Plaisir de retrouver un monde onirique, tranquille et brumeux, Nehwon, un de ces endroits où j'aimerais aller faire un tour à l'occasion.
Je convie les lecteurs ne connaissant pas ces histoires à aller se renseigner ici ou ici.
Cette relecture, après plusieurs années, m'a permis de me rendre compte d'un certain nombre de détails qui m'avaient échappés les toutes premières fois :
- les meilleures aventures de F & lSG n'ont souvent aucune logique rationnelle (Quand le roi de la mer est au loin, le quai des étoiles, etc.) mais plutôt une logique onirique. Amis lankhmariens d'adoption, essayez de raconter vos histoires favorites à quelqu'un qui ne les a pas lues, et vous verrez sa tête... Cette logique onirique fonctionne d'ailleurs très bien !
- Je suis prêt à parier que Fritz Leiber faisait de la voile et de l'escalade. Plusieurs textes (notamment La mer est leur maîtresse) semblent être des vacances imaginaires, l'occasion pour l'auteur d'emmener ses héros et lui-même en voyage. On notera les navires gréés en sloop, par exemples, pas très en phase avec l'univers post-antique de Lankhmar (mais les lampadaires et la police dans les rues sont d'autres échos de modernité dans cette cité étrange)
- il est très touchant, notamment dans les derniers textes, de se rendre compte que les héros ont vieilli avec l'auteur. J'aime le fait qu'après les avoir fait bourlinguer autour de Lankhmar dans le monde entier, il leur trouve une maison pour leur retraite, l'Ile de Givre. Il leur faut un peu de temps pour s'y adapter, mais eux-mêmes et nous aussi finissons par prendre goût à cet endroit simple et bizarre (une image de l'Islande?)
Cette relecture a été pour moi un nouveau plaisir, un nouvel émerveillement. Je me suis dit une nouvelle fois que si je voulais écrire de l'heroic fantasy (de nouveau) j'essaierais de faire des textes dans ce genre, textes courts, mélangeant rêve, aventures, épées et jolies femmes, voyages désabusés de héros très humains.
Merci M. Leiber.

PS : j'ai relu aussi les excellentes adaptations Chaykin/Mignola. Un peu comme Tardi l'a fait avec Nestor Burma, Mignola a donné à nos héros leurs visages.

4 commentaires:

  1. Leiber par Mignola.

    Laurent, je crois que tu viens de redonner un sens à ma vie.

    Sinon, le côté onirique et inracontable des aventures des deux compères, ça me rappelle étrangement certaines errances d'un détective dans la Ville =)

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  2. Super. Déjà que à cause de toi, j'ai acheté les intégrales en VO de Conan (et de quelques autres séries de Howard pour faire bonne mesure), maintenant tu te mets en devoir de me faire ressortir mes Leiber ?... :)

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  3. Si tu les achètes, dis-moi ce qu'elles valent (présentation, édition, matériaux supplémentaires éventuels...), j'hésite à me les offrir.
    Je considère les intégrales Conan chez Del Rey/WS comme un modèle du genre, tu vois donc ma référence :)

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  4. J'ai dévoré le cycle des épées il y a vingt ans. Quelques scènes sont restées gravées. Fafrhd brisant le lit auquel il est attaché et pris pour un dieu ... entre autres.
    A l'époque, j'ai joué un peu dans Lankhmar, aussi.
    Par contre, je n'ai pas pu terminer le premier tome de Mignola.
    Mon Fafhrd et mon Souricier Gris n'avaient pas ces visages là.

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