08 décembre 2008

Mantegna – exposition au Louvre



Nous connaissions déjà ce peintre du début de la Renaissance pour ses tableaux exposés au Louvre, notamment son Saint Sébastien saisissant, avec son torse de statue antique, les ruines improbables auxquelles il s'adosse et les archers qui passent en bavardant. Mantegna a un style minéral, assez froid, très hiératique...


L'exposition vaut surtout pour la reconstitution qu'elle donne à voir de la vie d'un peintre considéré alors comme le « meilleur au monde », jeune portraitiste adulé, maître respecté, puis vieil homme un peu dépassé à la cour des Gonzague.

Elle vaut aussi pour les documents étonnants qui y sont exposés : livres d'antiquités (la documentation de Mantegna) et le book – pur parchemin – de Giovanni Bellini, pour lui permettre de frimer auprès des commanditaires...

Elle vaut enfin pour le magnifique triptyque, prédelle d'un retable exposé à Mantoue, représentant la prière au jardin des oliviers, la crucifixion et la résurrection. Influencé par les paysages flamands aussi bien que par la douceur des Vénitiens, Mantegna y trouve un très bel équilibre. (repro assez moche ci-dessous)


Carmelo, au théâtre de Nesle(s)


Grâce à l'excellent Damien, nous avons tous pu apprécier les talents de Carmelo, magicien sicilien marchant sur les traces de Buster Keaton, de Chaplin et des comiques burlesques, qui déchire et recolle les feuilles de papier journal, est entouré de chapeaux, de cordes, de ballons vivants, qui emmène sous l'eau les enfants venus le voir au théâtre de Nesle(s)


Lee Miller – exposition à la galerie du jeu de paume

Une très belle femme, au physique parfaitement classique, aux traits de statue

devenue de la muse, l'amante, l'élève de Man Ray

amie des surréalistes, adepte d'une photo surréaliste.

photographe de mode et portraitiste pour Vogue

mise en scène par Jean Cocteau dans le sang d'un poète, muse, statue, encore...

photographe, pour Vogue encore, sous les bombes du Blitz

photographe, pour Vogue, dans l'Europe libérée : en France, en Allemagne, dans les camps, jusqu'au propre appartement de Hitler...









Figaro divorce - à la comédie française


Premier des billets consacrés à notre expédition parisienne. Après avoir lu des critiques élogieuses, je nous ai pris des places pour Figaro divorce. Plusieurs points positifs : la présence d'acteurs que nous aimons bien et la mise en scène de Jacques Lassale. Le sujet même de la pièce est très attrayant : écrite dans les années 30 par un auteur chassé d'Allemagne (il faisait de l'art dégénéré déplaisant aux nazis), la pièce raconte la suite du mariage de Figaro : puisque la pièce de Beaumarchais annonçait la révolution, Odön von Horvàth place ses personnages juste après cette dernière, obligés d'émigrer et de connaître la dure vie des exilés. Le Comte Almaviva brûle l'argent des bijoux de sa femme dans les grands hôtels et Figaro se désole, avant de s'établir barbier de luxe dans une petite ville bavaroise pourrie. Quant à Suzanne, désillusionnée, elle finira serveuse dans un cabaret... et sujet d'une chanson d'amour (pas celle de Léonard Cohen, malheureusement)

Passage de la frontière... La comtesse est épuisée

L'univers de la pièce mélange les références géographiques et temporelles, créant un flou propre au rêve: on est à la fois après la révolution française et après la révolution russe, dans les années 30 et au 18ème siècle. L'auteur respecte les caractères des personnages de la pièce d'origine, tout en les faisant évoluer dans leur nouvel univers, c'est d'ailleurs peut-être pour moi une limite de la pièce : j'ai le sentiment qu'il aurait pu secouer/casser ses jouets un peu plus.

Chez les douaniers
Jacques Lassalle met en scène ces tribulations tristes comme un manège de chevaux de bois, un peu joyeux, un peu agaçant, avec des musiques un peu lourdes comme un strudel à la crème un peu rance... jusqu'au magnifique passage du cabaret, plein de tendresse, et au retour au château d'Almaviva où Figaro montre avec un immense talent comment il a choisi entre l'honnêteté et la débrouillardise...

Le comte et Suzanne au bureau de la ligue internationale d'aide aux émigrés

Les acteurs sont tous très beaux, rocailleux, blessés, créant des personnages qui titubent dans un monde qui ne veut plus vraiment d'eux... Du bon travail.