04 février 2009

L'accroissement mathématique du plaisir – Catherine Dufour


Ces dernières semaines ont été plutôt chaotiques, peu de sommeil et des soucis. Maintenant que la situation se rétablit, et en attendant, peut-être, le bilan de mes lectures 2007 2008, je commence dans ce petit billet la chronique de quelques livres lus récemment dont j'avais envie de parler.

L'accroissement mathématique du plaisir – Catherine Dufour

J'avais dit ici mon enthousiasme (et mes quelques réserves) sur l'excellent roman de Catherine Dufour, le goût de l'immortalité. J'ai donc entamé avec intérêt la lecture de son recueil de nouvelles paru aux éditions du Bélial sous une couverture de Caza. Recueil n'est pas un vain mot puisque ce livre contient vingt textes de madame Catherine, dans des tons et des atmosphères tout à fait variés et éclectiques. Pochade humoristique (je ne suis pas une légende), conte breton (Mater Clamorosum), imitation d'Edgar Poe (Confession d'un mort), science fiction bizarroïde, hommage bédéesque à l'univers de Troll de Troy, fantastique gothique, truc encore plus bizarre (Kurt Cobain contre Dr. No), weird fantasy urbaine(tm) (l'immaculée conception). On a donc là une boîte de chocolats aux goûts variés, j'en ai aimé certains, mais pas tous.

Pour partir des limites du livre, je dirais même que ce recueil souffre de sa conception. Les textes qui s'y trouvent sont d'un intérêt extrêmement variable, et si aucun n'est mauvais, certains m'ont arraché quelques bâillements et j'ai sauté quelques pages pour voir si le suivant serait plus séduisant. Si le livre n'avait contenu que les cinq ou six meilleures nouvelles, je me serais enthousiasmé. On fait dans ce livre la découverte des différents essais de trajectoire d'un écrivain très doué, on y découvre comment Catherine Dufour s'est essayé à tous les genres, comment elle a réussi dans certains et été tout à fait honorable, sans plus, dans d'autres. Un peu de tri, selon moi, n'aurait pas fait de mal.

Une autre limite du livre : l'auteur est très douée pour planter des univers (la fac polluée de Vergiss mein nicht ou la collectionneuse d'icônes de Valaam), mais, pour ces derniers textes, le format très court de la nouvelle m'a fait ressentir une certaine frustration : après la mise en place des ces personnages, de ces décors auxquels je me suis attaché, j'ai trouvé les histoires un peu pauvres.

Restent quelques textes tout à fait mémorables, ceux du recueil idéal que je composerais en arrachant les pages surnuméraires. Dans ce livre, je garderais :

l'immaculée conception [1] – si ce texte ne surprendra pas tellement les femmes ayant été enceintes, j'ai trouvé très fort et touchant le portrait de Claude, être humain aux frontières du néant.

Le jardin de Charlith – un texte, très beau, dans la veine gothique d'Edgar Poe, une vraie nouvelle avec une vraie chûte.

Confession d'un mort – un hommage à Poe, très réussi, j'ai adoré. Ce texte aurait été glissé dans le recueil de Poe que je suis en train de lire, je ne sais pas si je me serais aperçu de l'intrusion.

La liste des souffrances autorisées – dialogues bien frappés dans des restaurants virtuels, description de V-nourriture aux allures hallucinantes, plein d'idées et de trouvailles.

Vergiss mein nicht – malgré la forme un peu courte, là encore un beau portrait d'univers déglingué.

L'accroissement mathématique du plaisir – là aussi, un très bon récit de science-fiction, qui donne à voir au lecteur un chef d'oeuvre inimaginable et inventé.

Valaam - ambiance pourrie et mafieuse dans la russie contemporaine, autour des icônes du coin rouge. Malgré un récit un peu court, j'ai trouvé le ton et le personnage de ce texte particulièrement forts.

Je n'ai pas le recueil sous la main alors que j'écris ces mots, les nouvelles que je mentionne sont donc celles dont je me souviens au bout de quelques semaines, au risque d'ailleurs de m'être trompé sur leurs titres. Malgré mes réserves, ces sept textes-là valent de lire le livre et justifient largement que je m'attaque au futur Outrage et Rébellion. Et vous, quelle est votre top 7 de l'AMdP [2] ?

[EDIT] je me suis rendu compte, en reprenant le livre hier soir, que je n'avais pas lu Mémoires mortes, un joli texte plein d'idées. Je l'ajouterais volontier dans le top 7, comme numéro complémentaire [/EDIT]


[1] l'histoire semble faire référence à la conception mystérieuse d'un certain J.C. dont je parlerai dans une note ultérieure, mais il est amusant de constater que l'expression théologique renvoie en fait à la conception de la mère du même.

[2] l'Accroissement Math... etc.

2 commentaires:

  1. J'avais eu l'impression que 2009 t'avais été fatal, je suis heureux de m'être trompé. Bon retour en ligne.

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  2. Et bien, j'avais déjà envie de le lire... Encore plus maintenant.

    Même s'il ne faut garder que 6 ou 7 textes. J'essaierai de penser à venir poster mon top une fois que je l'aurai lu. (allez, je me laisse 6 mois...)

    - Nathalie -


    - Nathalie-

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