J'avais beaucoup apprécié le recueil Axiomatique, des nouvelles vertigineuses et cérébrales, et la science-fiction de très grande qualité. Les romans de Egan avaient pour moi la réputation d'être touffus et incompréhensibles, j'ai quand même décidé d'essayer Zendegi. J'en trouvais le thème assez délicat: un roman de science-fiction traitant de la réalité et des personnalités virtuelles dans l'Iran de 2027, sachant que Egan est australien... J'avais un peu peur de l'exotisme documenté.
Et j'avais tort. Sans être un chef d'oeuvre, Zendegi est un très bon roman, très solide, passionnant de bout en bout. La vision de l'Iran, très intimiste (mais bien informée) garde un point de vue occidental crédible en tous temps. La description par Egan d'une sorte de "printemps persan" (par analogies aux printemps arabes) avec irruption de la technologie contre un pouvoir en partie dépassé est très bien vue (il a écrit le roman en 2008).
La narration est sobre, efficace, très humaine, bien plus chaleureuse que celle des nouvelles, bien plus facile d'accès (et moins touffue) que les créations de Ian Mc Donald (mais ce n'est pas le même type de roman). Les personnages sont très bien écrits, très justes et le sujet principal du roman est passionnant, mêlant un père, son petit garçon, un univers de contes de fée iraniens, le deuil d'une femme disparue et l'impact de technologies de copie de l'esprit humain par la machine. Ce thème-là, eganien par excellence, est traité avec une finesse et une profondeur tout à fait crédibles. Le récit ouvre beaucoup de portes et laisse rêveur longtemps après qu'on l'a refermé.
Une science-fiction contemporaine de très haute qualité, qui offre de nombreuses pistes pour penser le monde.
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