La glace et le ciel est un documentaire biographique retraçant l'incroyable carrière de Claude Lorius, glaciologue français spécialisé dans l'histoire du climat. Ses travaux ont contribué à la publications d'articles retentissants dans Nature en 1987 (voici le premier d'entre eux) établissant de manière très forte le lien entre taux de CO2 et température.
Évacuons tout de suite les gros défauts de la bobine : il y a de bien belles images contemporaines sur une musique ploum ploum ploum, qui ne servent globalement à rien. On voit Claude Lorius en gros plan, c'est un beau vieux monsieur, mais on dirait que Luc Jacquet l'a juste posé là dans les décors comme une potiche, c'est assez gênant. D'autant que la voix off, censée être la sienne, n'est pas la sienne. Le texte, enfin, dit beaucoup "je", ce qui se justifie quand il s'agit d'opinions ou d'informations sur la situation personnelle du scientifique, et moins quand il s'agit de recherche scientifique où le "nous" est quand même beaucoup plus juste.
Ça n'enlève rien à la carrière scientifique de Claude Lorius. L'essentiel du film se base sur des images d'archives, moins léchées mais au combien plus passionnantes que les belles photos de livres d'images vues précédemment. Ces vieux films habilement montés nous racontent les expéditions antarctiques de Lorius dans les années 50 à 80. Les images tournées alors ont été curieusement sonorisées (à l'époque on n'enregistrait pas les sons), ça m'a choqué au début puis on s'y fait, d'autant qu'on n'entend pas les voix, juste des échos. On y voit l'hivernage à la base Charcot de 1957, des images de traversées polaires, l'établissement du premier camp au dôme C (site de la future station Concordia), les C-130 décollant de la glace à coups de fusées, les systèmes de forage, tout cela est magnifique. Et, en point culminant, d'extraordinaires images de la base Vostok qui m'ont mis la larme à l’œil. L'aspect scientifique du discours n'est pas évacué, ni les difficultés et souffrances des recherches et la relation d'amour violent qui lie l'homme au continent blanc.
J'ai été aussi touché par le passage du temps sur le visage d'un homme traversant le siècle.
J'aurai vingt-trois ans pour toujours.
PS : les personnes intéressées parle sujet pourront lire:
Vostok, le dernier secret de l'Antarctique aux éditions Paulsen, de J.R. Petit, collaborateur de Claude Lorius, qui relate avec précisions et chaleur les recherches scientifiques conduites à Vostok et éclaire la trajectoire de Lorius.
Enterrés volonaires au coeur de l'Antarctique, documentaire de Djamel Tahi qui présente les images de l'hivernage à Charcot de 1957 (sans les bruits) commentées par Claude Lorius et Roland Schlich en 2008.
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