11 décembre 2015

Münchhausen ? - au petit théâtre

Une chambre d'hôpital, toute blanche. Un vieux hirsute, à moitié dingue, sur le lit. Dans le coin, un étrange mannequin. On sent presque l'odeur des médicaments, et les exhalaisons corporelles pas très nettes du vieux, à qui son fils, qui fête ses trente ans aujourd'hui, vient rendre visite à contrecoeur.


Une pièce pour enfants qui commence comme ça, ça m'a rendu méfiant. J'avais tort.
Le vieux, c'est le baron de Münchhausen, 296 ans, qui a séduit toutes les infirmières, délire sur son lit, saute, rit, pète, fait des jeux de mots et fait fuser les paradoxes comme des feux d'artifice. Au bout de quinze minutes de représentation, le vieux est mort, le fils rentre dans son studio tout pourri sous les toits et l'histoire commence à exploser, avec l'aide soignante qui rêve d'astrophysique, le meilleur pote qui ne rêve de rien, le fils qui ne comprend rien, le cheval Bucéphale dans le cimetière, le voyage à Gibraltar, en passant par la lune et le Vésuve. Münchhausen ?, ce n'est pas une adaptation des aventures du célèbre baron, c'est une rêverie dans tous les sens, une histoire de joie, de deuil, de vie et de mort, une ode à l'illimité. C'est du théâtre moderne, explosif, à l'écriture speedée (la série Bref de Canal n'est pas loin, c'est peut-être la seule petite limite du truc), qui ose les effets spéciaux délirants, les blagues étranges, le surréalisme. Les acteurs sont tous formidables. C'est du théâtre pour enfants. C'est du grand théâtre. 

From Gibraltar, with love


(spectacle visible jusqu'à la fin de l'année. Allez-y !)



Photos de scène : (c) Elisabeth Carecchio

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire