Deux extraits de lettres de Tolkien à son fils, citées dans Le monde, dans un article consacré à la publication en français d'une partie de sa correspondance.
Bien sûr, ça me touche beaucoup...
« Il y a deux émotions totalement différentes : l'une qui m'émeut au plus haut point et que j'éprouve quelque difficulté à évoquer – la sensation déchirante du passé disparu ; l'autre, une émotion plus "ordinaire", le triomphe, le pathos, la tragédie liée aux personnages. Celle-ci, j'apprends à l'obtenir, au fur et à mesure que j'apprends à connaître mes créatures, mais elle ne se trouve pas aussi près de mon coeur, et elle m'est imposée par le dilemme fondamental de la littérature : une histoire doit être racontée, ou il n'est pas d'histoire, mais les histoires les plus émouvantes sont celles que l'on ne raconte pas. Je pense que "Celebrimbor" t'émeut parce qu'il véhicule immédiatement la sensation qu'existent à l'infini des histoires à raconter : des montagnes au loin que l'on n'escaladera pas, des arbres lointains dont on ne s'approchera jamais » (p. 162-163)
« Une partie de l'attrait du Seigneur des anneaux est due, je pense, aux aperçus d'une vaste histoire qui se trouve à l'arrière-plan : un attrait comme celui que possède une île inviolée que l'on voit de très loin, ou des tours d'une ville lointaine miroitant dans un brouillard éclairé par le soleil. S'y rendre, c'est détruire la magie, à moins que n'apparaissent de nouvelles visions inaccessibles… » (p. 468).
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