
Publié dans une collection de littérature américaine, les sables est aussi clairement un roman de SF, tendance climatic-fiction. Cet aspect là est fait avec soin. Si elle n'est pas incroyablement originale, l'anticipation est bien documentée, réaliste et menée sans expositions absurdes ni info-dumps mal placés. L'écriture donne l'impression de lire un roman contemporain se déroulant dans un pays distant et pas très agréable. Pour les personnages tout est normal, ils ont creusé leur vie branlante dans cet espace-temps, ils galèrent pour se procurer de l'eau (le ravitaillement d'état et la croix rouge), ils extraient des maisons abandonnées des trucs et des machins, ils défendent à leur manière certains idéaux.
Le roman devient encore meilleur quand il approche la communauté de Zabriskie et l'énorme et mythique dune de l'Amargosa auprès de laquelle elle s'abrite. On entre alors dans un monde étrange et halluciné, construit et peuplé de mots, de croyances, d'espoirs et d'illusions. Je me suis demandé si ce procédé d'une extrapolation crédible sautant jusqu'à un objet littéraire étrange et démesuré n'était pas une des marques de la bonne science-fiction.
J'ai aimé l'ensemble, sans adhérer totalement. Luz, héroïne assez casse-pieds, mériterait de sortir de l'orbite autour de son nombril. Même en post-apo, les Californiens stressés restent des Californiens stressés. L'écriture manque parfois de simplicité, la construction de clarté, on saute certains passages introspectifs sans regret, on en découvre d'autres, très inventifs, avec joie. Page 261, sous prétexte d'un rêve de Luz, on découvre une nouvelle étrange mettant en scène des hommes-taupes et la réserve de déchets nucléaires de Yucca Valley, qui aurait sa place dans un des livres de Yirminadingrad. Le collage est raté, le texte inséré très réussi. Bref, les sables est un roman bancal, souvent intéressant et marquant.
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