18 mars 2022

Giselle... -- au théâtre Benno Besson

Nous sommes allés voir Giselle... au théâtre Benno Besson. C'est spectacle original de François Gremaud, un auteur romand, et qui a tourné en France (ô consécration, pour les Suisses vivant dans l'ombre du grand voisin culturel). Sur scène, quatre musiciens talentueux (flute, violon, harpe et saxophone) et, au devant, une danseuse-actrice conférencière, Samantha Van Wissen.


 

Le sujet ? Giselle (sans les trois petits points), le ballet classique créé en 1841 sur un livret de Théophile Gautier. Le spectacle Giselle... est une conférence dansée sur le ballet Giselle (vous suivez ?)

La talentueuse Samantha Van Wissen va donc nous parler de la naissance du ballet classique, faire des digressions sur le romantisme, puis évoquer en détail le déroulé du ballet, ses décors, ses personnages, quelques interprètes fameux et fameuses. Par moment, elle danse, nous faisant ressentir, percevoir ce que peut être l'exécution de ce ballet.

Disclosure : j'ai déjà vu Giselle sur scène d'un grand opéra européen, il y a vingt ans. Je m'étais prodigieusement ennuyé, surtout parce que je ne connaissais rien au ballet classique. J'ai plutôt envie de le revoir maintenant, et c'est le point positif que je retire de ce spectacle.

Pour le reste, comme m'a soufflé Cecci à l'oreille au bout de cinq minutes, "ça va parler pendant deux heures", et c'est ce qui s'est passé. Pendant deux heures nous n'avons eu que des mots, des mots et encore des mots, pour paraphraser une autre œuvre. Ce spectacle est une gentille imposture, une œuvre d'art qui ne fait que vampiriser une autre œuvre d'art pour construire son petit discours. Oui, les musiciens jouaient très bien (mais pas assez souvent, et une partition un peu moyenne, mais bon), oui j'ai attrapé quelques infos intéressantes (le rôle de la pantomime ou les passages coupés de l’œuvre) et oui Samantha VW a une très belle présence scénique. Mais pour le reste, c'est de la culture bourgeoise, uniquement référentielle. Une création dont la beauté repose uniquement sur celle d'une autre création qu'on renvoie en miroir. Théophile G. et ses copains amateurs de fines jeunes femmes en robes sylphides (bof, les mecs, on a compris que vous étiez un peu glauques) devraient intenter des procès en plagiat à l'auteur de ces trois petits points.

PS: quant au twist final, abyme, jeu avec le texte, scène sur la scène, il ne marche pas. 

1 commentaire:

  1. J'ai vu Gisèle... hier, théâtre de la Bastille oblige. Et puisque cette pièce fut créée au théâtre de Vidy, puisqu'il y a une harpiste, je suis venu voir ici des fois que...

    Ton commentaire est bien dur, pour un seul-en-scène qui coule aussi avec une telle aisance pendant deux heures, parvenant à faire revivre, seule, sans décor, sans accessoire, sans costume, un plateau où s'ébrouaient 32, 33, 34 ballerines. Parvenant à intéresser à une histoire téléphonée et dégoulinante de sentiments clichés.

    Bien que cet aspect "performance" puisse un instant devenir parasite (le "whaouh" dans le dépouillement?), je ne pouvais s'empêcher de goûter la fluidité avec laquelle la comédienne y parvenait. Et puis il y a quand même une chaise, un accessoire.

    Je ne connais strictement rien au ballet, et j'ai en réalité compris, devant Gisele..., que je n'y comprendrai jamais rien : ou bien j'écoute la musique, ou bien je suis l'action / les dialogues, mais je ne parviens juste pas à combiner les deux. Mon esprit s'est mis à divaguer lors des scènes de danse classique, car imperméable à leur émotion. J'ai un moment décroché.

    En même temps, je vois qu'on peut aussi prendre Gisèle... comme une extraordinaire conférence gesticulée, pendant laquelle on apprend beaucoup (si on est béotien-ballet), sans que ladite conférence soit parasitée par un quelconque "propos" au-delà de la capacité, avec des riens, à faire revivre tout cela.

    Le twist final ne fonctionne pas, oui, et d'autant plus surprenant que c'est le même que dans Phèdre !, et qu'il ne fonctionnait pas non plus. L'autre truc qui m'a irrité est d'inciter le public à applaudir après un quelconque tour de force. Les applaudissements, c'est spontané ou ça n'est pas. Dans les deux cas, toutefois, juste des scories, pas l'essentiel de la pièce.

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