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07 mai 2022

Blogging tardif - films

Le principe de ce blog est, depuis le début, de suivre un peu mes lectures, visionnages et autres rencontres avec des productions culturelles. Je ne suis pas aussi assidu à le tenir que je ne le fus, mais j'aimerais marquer ici quelques trucs regardés ou bien lus ces dernières années dont je voudrais garder une trace. Jugements lapidaires en perspective ! Peut-être que je développerai plus tard certains de ces commentaires dans des messages plus longs, mais j'en doute, les journées sont courtes et la fin des temps est proche.

On va commencer par les films, dans un ordre approximativement inverse de visionnage. A relire la liste, je me rends compte qu'il en manque, mais tant pis. Voici donc, en vrac, des films vus ces deux dernières années.
 
Re)Trouvailles | BERTRAND TAVERNIER | Le juge et l´assassin - YouTube
 
Le juge et l'assassin, de Bertrand Tavernier : après quelques belles rencontres, comme Laissez-passer, nous avons exploré d'autres films de Tavernier. Nous en avons aimé certains et détestés d'autres. Le juge et l'assassin fait partie des premiers : la relation entre le juge (Noiret) et l'assassin (Galabru) est fascinante, les scènes secondaires sont très bien. La charge de gauche n'est pas très fine, mais ça fait plaisir de voir cette lutte des hommes et des classes ainsi incarnée. On a beaucoup aimé.

QUE LA FETE COMMENCE

Que la fête commence, de Betrand Tavernier: voir supra. Celui-ci est dans la seconde catégorie. On aime beaucoup les acteurs qui y jouent (Noiret, Rochefort et Marielle !), l'ambiance d'époque est forte, mais le film, avec son lot de sperme, de sang et de pisse est somme toute assez déprimant.
 
Capitaine Conan - Film de Bertrand Tavernier (France, 1996) de Bertrand  Tavernier (Film de guerre) : la critique

Capitaine Conan, de Betrand Tavernier: voir supra. La reconstitution, le sujet, l'époque, le cadre sont formidables. Certaines scènes, extraordinaires. Torreton, incroyable. Mais on n'a pas aimé. On n'a pas bien compris où ça nous emmenait, et nous n'avons jamais accroché.

Les Choristes (2004) - VEGA Film & Distribution

Les choristes, de Baratier: je ne me rappelle plus pourquoi on l'a regardé, peut-être pour faire plaisir aux enfants ou aux grands-parents. J'ai pensé aux disparus de Saint Agil, de Christian-Jacque, et je me suis dit qu'on savait bien mieux faire les films de pensionnat à en 1936. Les choristes, c'est bien gentillet. Et tout le monde ne filme pas les enfants comme Truffaut dans les 400 coups.
 
Le Grand Meaulnes : Un film de Jean-Daniel Verhaeghe , Une nouvelle  adaptation du roman d'Alain-Fournier - aLaLettre

Le grand Meaulnes, de Jean-Daniel Verhaeghe : on y retrouve le mignon Jean-Baptiste Maunier, comme dans les choristes. Mais là où les choristes était simplement gentillet, ce grand Meaulnes est nul. Rien à sauver (comme quoi, avoir Marielle ou Torreton dans un film ne suffit pas).
 
Mamma Mia! : 7 anecdotes à connaître sur la comédie musicale | Vogue France

Mamma Mia!, de Phyllida Lloyd : je ne l'ai jamais dit, mais une de nos descendantes est fan de comédies musicales et de Abba. Et bien c'était très rigolo de regarder ça avec elle. J'ai découvert Abba, et en fait, j'ai plutôt aimé.
 
The Imitation Game - Le Temps
 
The imitation game, de Morten Tyldum. Un film sage sur un sujet fascinant. Ca se laissait quand même regarder, et certaines images étaient très bien.

What Is The Main Point of 'Gattaca' (1997) Movie? What Is The 'Gattaca'  Meaning? » SpikyTV

Gattaca, de Andrew Niccol : celui-ci, je l'avais vu à sa sortie. Les filles ont eu à la regarder sur demande d'une de leurs profs. J'avais oublié combien ce film était abstrait et beau. Plastiquement, il a étonnement peu vieilli. Et j'adore la manière dont Jude Law incarne son personnage. Formidable.
 
THE TRUMAN SHOW (Critique) – Les Chroniques de Cliffhanger & Co

The Truman show, de Peter Weir : encore un visionnage scolaire, dans le cas d'une réflexion en classe sur la liberté. La réalisation n'est pas très inspirée, mais le film reste remarquable par l'univers qu'il crée. Et j'y aime beaucoup Jim Carrey. Une très belle découverte familiale.
 
Richard III (1995) - IMDb

Richard III, Richard Loncraine : celui-là aussi, vu à sa sortie. Ian Mc Kellen avant qu'il soit Gandalf et Magneto, et avant qu'il se commette dans Cats, c'était quelque chose. Shakespeare + nazis, ça marche plutôt très bien.

Photo du film L'Assassinat du Père Noël - Photo 6 sur 6 - AlloCiné

L'assassinat du Père Noël, de Christian Jacque : celui-ci, on l'a regardé pour se plonger dans les années 40. Rien de transcendant, mais ça se regarde très bien.
 
Critique : Man on the Moon, de Miloš Forman - Critikat

Man on the Moon, de Milos Forman : j'ai dit plus haut que j'aimais Jim Carrey. Il est vraiment extraordinaire dans ce film sur un Andy Kauffman, humoriste barré des années 70. Ce film mériterait un billet plus long, tant il m'a bouleversé et mis mal à l'aise. On en vient à douter de la vérité, et de la réalité, comme chez Dick ou chez Christopher Priest. C'est vraiment très bien.
 
Ondine»: quand l'amour fait splash - Le Temps

Ondine, de Christian Petzold : urbanisme berlinois et morceaux de récit fantastique. C'était inhabituel et plutôt pas mal, mais je ne m'en souviens pas très bien, ce qui n'est pas très bon signe.
 
Indiana Jones and the Temple of Doom (1984) - IMDb

Indiana Jones et le temple maudit, de Steven Spielberg : (re)vu en famille. A part la première scène, on a détesté. Je sais qu'il paraît que c'est le meilleur de la série, etc., mais en fait la misogynie du film/du personnage nous a vraiment déplu. (Alors que, durant mon premier visionnage au siècle dernier, je me rappelle avoir ri tout le temps)

This is the gruesome original ending of the Hunchback of Notre Dame

Le bossu de notre dame, de Gary Troussdale et Kirk Wise : vu avec une enfant à l'hosto. Je ne l'avais pas aimé à la sortie. Là, je l'ai adoré. Les musiques, la réalisation, la qualité des dessins et des décors, les chansons... Et ce détail qui laisse entendre que les gargouilles qui parlent n'existent que dans la tête de Quasimodo... Formidable. C'est le Bolchegeek qui m'avait donné envie de le revoir.
 
Frère des ours | DisneyPixar.fr

Frère des ours, Aaron Blaise et Robert Walker. Vu aussi à l'hosto avec enfant. Les chansons sont nulles mais le cadre était original et le scénario contient un twist assez joli. Ca parle de la vie, de la mort, de la culpabilité et du rachat. Pas mal.
 
7 Easter Eggs You Can Find in Disney•Pixar's Up—Plus 3 Up Easter Eggs in  Other Pixar Films - D23

Up, de Pete Docter et Bob Peterson. Vu aussi à l'hosto avec enfant (oui, ça a été un peu long). On a beaucoup aimé. Le quasi court métrage qui ouvre le film et qui résume la vie du héros est un chef d'oeuvre.

WALL-E - Movies on Google Play

Wall-E, de Andrew Stanton. Vu aussi à l'hosto etc. On a adoré. Plein de trouvailles géniales, une SF poétique qui fait penser à des classiques des années 50.
 
Cats' VFX Artist Breaks Silence on Editing Out Buttholes | IndieWire

Cats, de Tom Hooper: dieu que c'est embarrassant ! Mais ça nous a fait découvrir le muscial d'origine (plusieurs chansons sont très bien) et les poèmes d'où tout cela provenait.
 
Lola Rennt (Run Lola Run) - Introduction Theme - YouTube

Lola Rennt, de Tom Twyker: vu à sa sortie, j'en gardais un souvenir ébloui. Et bien j'aime toujours beaucoup, et Marguerite (11 ans à l'époque) a adoré. Parce qu'il y a Franka Potente avec des cheveux rouges et une musique qui envoie du bois.
 
Little Women

Little women, Greta Gerwig : une adaptation moderne et assez sage du roman, rien de honteux, bien jouée, bien faite, avec Paul Atreides dedans. Ce film m'a surtout rappelé le roman et l'importance qu'il a eu dans ma vie, en me présentant la figure d'une jeune personne voulant et pouvant devenir écrivain. Je crois que j'ai eu envie d'écrire après l'avoir lu. Et j'étais sans doute un peu amoureux de Jo.






17 février 2022

Maus - Art Spiegelmann

 

Je l'avais déjà lu, il y a... ouh là, longtemps, ça devait être avant le bug de l'an 2000. Je me rappelais des images et de l'anecdote du sachet de thé.

Je l'ai ressorti à cause de mon intérêt pour les années 40, et de l'affaire de l'interdiction débile dans une école américaine. Et pour voir finalement ce que ça me disait encore.

Je ne vais pas raconter le livre ici. J'avais oublié l'articulation très présente du double récit, "contemporain" de la rédaction et historique à travers le témoignage. Le livre est un exemple remarquable de témoignage de seconde main (l'auteur n'a pas vécu les camps de la mort), posant très clairement le lieu de l'énonciation : qui parle, avec quel point de vue, de quel endroit. Ce qui rend le récit à la fois totalement subjectif (voire doublement subjectif) et vrai et crédible.

Je ne vais pas en rajouter. C'est un très très très bon livre, autant sur l'extermination des Juifs en Pologne que sur les survivants, les relations père-fils... A la fois effrayant et facile à lire et très intelligent. 

10 novembre 2021

Balade romantique sur le Rhin (en char Shermann)

L'auteur de ces lignes se serait-ils pris d'une passion pour les panzers ? Va-t-il se mettre à acheter des magazines portant en titre "le Tiger IV mis à nu ?" avec des photos géantes de tanks à croix gammées (#PanzerPorn). J'espère que nous n'en sommes pas là.

Mais voilà, faire jouer au jeu de rôle dans un cadre historique donne envie de s'informer sur la période et le cadre. Après avoir regardé le (très bon) un pont trop loin, que je prendrai peut-être le temps de chroniquer ici, je me suis intéressé à la campagne des Alliés en Europe de l'Ouest. Et il s'avère que Daniel Feldmann, dont j'avais beaucoup aimé les biographies synoptiques de généraux, a également co-écrit et publié en 2016 un livre sur l'exact sujet qui m'intéressait.

La campagne du Rhin traite de plusieurs problèmes intéressants. Que faire quand un camp (l'Allemagne) a perdu la guerre, mais refuse de l'admettre ? Et que pour des raisons complexes, mais explorées par exemple dans ce bouquin, la population et les soldats décident de se battre jusqu'au bout ? Que faire quand, comme les Alliés, on a un véritable avantage numérique et matériel, mais pas infini, et qu'on doit venir à bout de cet adversaire ? D'autant que les Anglo-Canadiens arrivent au bout de leurs réserves d'hommes, que les Américains ne veulent pas en envoyer plus, que les Français ont envoyé au repos leurs meilleures troupes (coloniales, à la peau un peu foncée) pour intégrer des FFIs motivés mais pas formés et éviter la formation d'un front communiste sur les arrières. Comment planifier la victoire sur l'Allemagne ? Comment s'y prendre ?

Outre un détail des forces et des opérations, ce livre passionnant nous parle aussi des relations entre Alliés et généraux (pas très bonnes, mais ayant au final un impact minime sur les opérations), explore les plans tels qu'ils ont été conçus et tels qu'ils ont été accomplis et s'intéresse aux raisons qui ont poussé Eisenhower à arrêter les troupes alliées sur l'Elbe alors qu'elles étaient aussi proches de Berlin que les Soviétiques...

La campagne du Rhin étudie tout cela au niveau stratégique et opérationnel et ne se plonge pas, c'est voulu, dans l'expérience du combattant ou les détails du terrain.

Ce qui ne gâche rien, le livre est bien écrit, vivant, appuyé sur des sources de première main. Les auteurs font preuve d'un remarquable esprit de synthèse et livrent une étude solide sur cette campagne peu connue, à l'exception des wargamers, bien sûr.

Je peux maintenant apprécier le rôle de chaque nation Alliée dans ce combat. De l'inexpérience des troupes américaines, au comportement honteux des Français en Bavière, en passant par les "batailles planifiées" des Anglais, l'erreur (admise par lui, ce n'est pas rien) du général Horrocks lançant la seconde vague blindée trop tôt lors des combats près de Clèves... 

Et le soir je peux lister pour m'endormir les opérations militaires sur ce front. Wacht am Rhein, Nordwind, Veritable, Grenade, Blockbuster, Plunder, Varsity... Bonne nuit les petits !

La campagne du Rhin - les Alliés entrent en Allemagne (janvier-mai 1945).

Daniel Feldmann, Cédric Mas, éditions économica.


22 avril 2021

Laissez-passer -- Bertrand Tavernier

Années 40, encore. Je suis très en retard dans les chroniques de livres lus et films vus pour ce blog, alors je me concentre sur les productions en rapport avec le jeu de rôle, dans le but de livrer une série de références utiles pour futurs MJs intéressés par la période.


Laissez-passer est un film de 2002 qui nous parle de la vie du cinéma français pendant l’occupation. On suit deux personnages principaux, Jean-Devaivre, assistant réalisateur joué par Jacques Gamblin (et excellent cycliste) et Jean Aurenche, écrivain et scénariste, joué par Denis Podalydès que j’aime toujours autant.
Une fois n’est pas coutume, je vais commencer par les défauts du film : il est un peu long, et les deux fils narratifs (l’histoire de chacun des personnages) sont assez lâches et ne se rencontrent pas du tout, avec deux tiers de Devaivre et un tiers d’Aurenche. Le film est plus une chronique, une suite de scènes plus ou moins liées ensemble, qu’une grande histoire. 


Pour avoir vu récemment Capitaine Conan, du même Tavernier, je me demande s’il n’y a pas chez ce réalisateur une volonté, pour ses films historiques, de donner à voir la vie même, comme si on se glissait dans celle de ses personnages pour les accompagner un moment et les laisser une fois arrivés au bout de la pellicule, et eux continuent leur histoire tranquillement. C’est un choix artistique qu’on peut apprécier ou pas, pour ma part il ne m’a pas dérangé mais il fait de Laisser-passer une œuvre moins puissante et aboutie que le dernier métro, par exemple (je vous laisse juges de ce que ça dit de ma vision de ce que doit être une histoire).


Il n’empêche que Laissez-passer est un très bon film, déjà parce que c’est un film sur le cinéma, la manière dont il se fait, la manière dont on l’aime. J’y ai beaucoup appris sur le métier d’assistant-réalisateur. Les scènes de tournage, de constructions de décor, les actrices et scénaristes se rendant chez des trafiquants du marché noir pour échanger leur compagnie contre un peu de café, les tournages en périodes de pénurie, tout est remarquablement bien montré, jusqu’à une scène très puissante où Michel Simon fait une sorte de « grève du talent » quand il est en présence des officiels allemands de la Continental.
La reconstitution de l’époque est formidable, avec les restrictions alimentaires, l’absurde administratif, les morts tragiques, les arrestations, la vie quand même. C’est porté par des acteurs français dans ce qu’ils ont de meilleur, en commençant par Gamblin et Podalydès, mais en passant par tous les seconds rôles, féminins et masculins. Ces gens sont touchants et sont vrais. C’est du vrai cinéma qui donne envie d’aimer le cinéma, même cet étrange cinéma français des années 40.




19 avril 2021

La guerre allemande - Nicholas Stargardt

À jouer une longue campagne de jeu de rôle dans une période historique précise, on finit par lire des bouquins auxquels on ne se serait pas intéressé auparavant.

Les PJs viennent d'arriver en Allemagne, en 1943, engagés comme profs dans une structure d'enseignement spéciale (imaginaire) fondée par un psychiatre confronté au mythe durant sa jeunesse et un idéologue du Parti. Et je me suis rendu compte que je ne connaissais pas grand-chose de la vie en Allemagne durant la guerre, d'où cette lecture.

Le livre de Nicholas Stardgardt, historien britannique, publié en 2015, trace une histoire du peuple allemand entre 1939 et 1945. C'est un récit chronologique de la guerre, telle que perçue par les civils sur le sol allemand. Ses sources sont des dizaines de correspondances, de journaux intimes, des textes écrits sur le moment, corrélés avec les résultats des nombreuses enquêtes d'opinion des services de propagande et de renseignement du Parti.

Les 800 pages du bouquin se lisent très bien, grâce à un récit de l'histoire très vivant, alternant les considérations générales (ampleurs de destructions, gestion du rationnement, nombres de victimes...) et des détails sur la vie de personnes réelles : une photographe berlinoise, un prof conservateur d'Allemagne de l'Est, un vieil universitaire juif et sa femme - qui traverseront tout ça en restant en vie ! -, un jeune père de famille... Ça donne en quelque sorte le portrait physique et psychologique d'une population sur une période de six ans.

Attention, il faut avoir le cœur bien accroché. Les récits d'atrocités nazies sont nombreux, les complicités horribles, une partie des acteurs du livre assistent ou participent à des scènes traumatisantes. À force de jouer à l'époque et de portraiturer les Allemands en France (où la vie n'était pas drôle) j'avais fini par en atténuer un peu dans mon imaginaire les impressions la guerre à l'Est et la mentalité des nazis qui étaient... comment dire... des propagateurs d'une idéologie destructrice et mortifère. (oui, j'enfonce une porte ouverte, mais ce livre m'a bien remis les points sur les i)

Difficile de résumer les nombreuses découvertes et aspects intéressants du bouquin. Dans la logique des travaux contemporains sur le nazisme (ceux de Johann Chapoutot, par exemple), ce livre resitue la pensée guerrière et nationaliste allemande dans la continuité de celle, européenne, du 19ème siècle et celle de la Première Guerre mondiale. En résumant grossièrement, le peuple allemand était persuadé de mener une guerre de défense (si, si, bravo Herr Goebbels). L'adhésion à la guerre était résignée, mais réelle, bien au-delà de l'adhésion au parti et au gouvernement. Les soldats étaient loyaux et suivaient les chefs et même en 44, des Allemands pas spécialement nazis continuaient à penser sur le Führer était la meilleure personne pour les sortir de la situation noire où ils se trouvaient.

Autre point important : la connaissance de "ce que nous faisons/avons fait aux Juifs" était très partagée (même si pas entièrement informée), beaucoup de gens ont profité de la situation sans montrer de solidarité avec leurs concitoyens. L'analyse de l'effet de l'excellente propagande de Goebbels sur ces sujets (oui, ce sale type était doué) est vraiment très effrayante.

Le livre contient aussi beaucoup de réflexions sur la notion de communauté nationale, rêvée par les gouvernants, en partie incarnée. Sur les solidarités ou absences de solidarités entre les différentes parties de l'Allemagne (le Nord bombardé contre le Sud relativement épargné, les catholiques et les Protestants...), sur le rôle globalement pas à la hauteur des Églises (qui étaient allemandes avant tout). On y parle ravitaillement, rations, politiques sociales des nazis (ben oui), déplacements de population, euthanasie des handicapés (là, l'Église catholique a été efficace. On aurait aimé l'entendre sur les Juifs), culture (30% du budget de la culture allait aux théâtres, qui jouaient presque ce qu'ils voulaient - dingue, non ?), poésie, univers imaginaires intérieurs, rêves de l'après-guerre...

Pourquoi lire ce livre ? Parce que vous avez envie de faire jouer à cette époque ou de vous documenter, bien sûr. Mais aussi, et surtout, pour comprendre combien ces gens nous ressemblent. Combien ils sont avant tout normaux. Victimes parfois, bourreaux aussi, aimant leurs familles, croyant ou pas à leur gouvernement. Comme beaucoup de bons livres d'historien, c'est aussi un livre pour réfléchir à qui nous sommes et à mieux nous connaître.




14 avril 2021

L'occultisme nazi -- Stéphane François

Lu sur la recommandation de l'ami Tristan, parce que je fais jouer dans les années 40 des histoires cthuliennes sur fond de guerre mondiale. Tristan en parle très bien, lisez son article si vous voulez plus de détails.

Il y a beaucoup de n'importe quoi publié sur le thème magiciens+nazis, on touche là à une zone érogène de l'imaginaire. J'ai lu il y a longtemps le matin des magiciens, livre bien fumé que j'avais trouvé rigolo à l'époque (je ne sais pas ce que ça vaudrait à la relecture) et j'avais donc été gentiment imprégné par le délire : les nazis, ces occultistes magiciens qui cherchaient la terre creuse/le graal/l'ancienne Thulé. Un thème bien bien recyclé dans la pop culture (hello Indy !).

Ce bouquin sérieux et sourcé documente le vrai occultisme nazi (pas grand-chose), montre les racines idéologiques, plus ou moins sérieuses, des mouvements nazis et leur encrage dans les mouvements völklich (à traduire plus comme "ethno-nationalistes" que comme "populaires"). Ca permet de remettre les pendules à l'heure. (non, les principaux chez nazis, tout criminels qu'ils soient, n'était plutôt pas des initiés magiques).

La suite est plus flippante, montrant chez différents "passeurs" de la seconde moitié du 20ème siècle l'imprégnation de tout un discours, dont le versant Pauwels Bergier n'est que l'aspect le plus fréquentable, un mythe bricolé d'anciennes civilisations, yoga, vies antérieures, racialisme thuléen, etc, etc, montrant comment ces idées venues du 19ème siècle, longtemps disqualifiées après la défaite allemande de 45, refont surface ici et là, sous la forme de construction imaginaires/idéologiques plus ou moins fumées de la tête.

Et ça nous concerne, nous, les rôlistes.

Tenez, par exemple, est-ce que vous avez déjà visité une "cité perdue" ? Avez-vous déjà appartenu à une "race ancienne et aux trois quarts effacée" qui vous aurait légué quelques grands pouvoirs ? Ca ne fait pas de vous un SS, juste un utilisateur de tropes imaginaires passés par la moulinette de plein de fachos ésotéristes plus moins bizarres mais en fait bien plus ancrés dans notre culture (notamment pop) qu'on ne pourrait l'imaginer de prime abord.

(j'ai été très frappé en lisant les derniers chapitres du livre de voir combien la BD Thorgal, pour ne citer qu'elle, était imprégnée de ce genre de tropes imaginaires)

Bref, une bonne lecture, parfois épuisante à force de dingueries racialistes, qui m'a fait réfléchir et mis plus d'une fois mal à l'aise.





15 mars 2021

Le dernier des six -- Georges Lacombe

Nous avons regardé ce film de 1941 dans notre exploration du cinéma français sous l'occupation. C'est un film noir pas très sérieux. Six amis se font une promesse : ils vont tenter de faire fortune chacun de leur côté dans tous les coins du monde pendant 10 ans. Les survivants se répartiront la fortune de tous. Et bien sûr, à leur retour en France, ils meurent un par un.

Ca ne casse pas trois pattes à un canard, l'intrigue est assez simple mais les acteurs sont chouettes, notamment Pierre Fresnay et Suzy Delair qui jouent les mêmes personnages que dans l'assassin habite au 21 et c'est normal puisque l'assassin est en fait la suite de du dernier des six. On l'a regardé avec plaisir, tout en sachant que ce n'était pas immense.

A noter, d'improbables numéros de danse avec des girls très déshabillées, insérées parce que le récit se passe en partie dans un music-hall. On ne s'attendait pas à ça dans la France de Pétain !





04 janvier 2021

Le roi des aulnes – Michel Tournier

Littérature, magie, seconde guerre mondiale... Ma campagne Cthulhu années 40 m'a donné envie de relire (cet été, ça date un peu) le roi des aulnes.

Donc Abel Tiffauges est un ogre, graphomane et porteur d'enfants. Ce roman raconte son épopée, depuis le pensionnant Saint-Christophe jusqu'à un château prussien abritant de jeunes garçons aryens en passant par un garage, un pigeonnier, un marécage, un immense terrain de chasse... 

J'avais en le relisant les images du film de Schöndorff bien présentes en tête - ce qui prouve que l'adaptation était assez réussie.

Pour ceux qui ne l'ont pas encore lu : le roi des aulnes est un très bon roman. Bien écrit, puissant, charriant des flots d'idées énormes et magnifiques, une très belle plongée dans la psyché d'un homme qui se prend pour une créature imaginaire. 

Il ne pourra toutefois pas servir d'inspiration à vos scénarios : une des limites de la méthode littéraire de Tournier est que son livre forme un système de symboles et d'idées tressé si fort qu'il est difficile à votre propre imagination d'y trouver sa place. 



Ils ont mené les alliés à la victoire – Daniel Feldmann

Qu'est-ce qui permet de dire qu'un général est un bon général ?

Ce livre d'histoire militaire s'intéresse au métier de général de corps d'armée ou d'armée du côté allié durant la Seconde Guerre mondiale. Pour ceux qui, comme moi, ne sont pas très au fait des choses militaires, il s'agit d'officiers qui commandent de 50 000 à 300 000 hommes (quand même) sur des théâtres d'opérations grands d'une centaine de kilomètres. En livrant cinq biographies de généraux dans cette position (les Américains Patch, Hodges et Patton, le Canadien Crerar et le français de Lattre de Tassigny) le livre tente d'identifier ce qui fait et ce que fait un "bon" général : un général capable de mettre ses troupes en mouvement vers un objectif et de commander efficacement son armée, d'atteindre des objectifs à forte valeur militaire tout en épargnant l'outil que lui a confié son gouvernement (la vie de ses hommes, en fait, rien que ça).


Je ne suis ni un grand lecteur d'histoire ni d'histoire militaire et encore moins amateur de panzer porn, mais j'ai vraiment beaucoup aimé lire ce livre : une fois ouvert, je ne l'ai pas lâché.

Bien sûr, Daniel Feldmann est un bon ami et je n'avais pas eu l'occasion jusque récemment de lire ses productions dans le domaine de l'histoire militaire. Lire les livres d'un ami est une bonne manière de rester proche et de le connaître mieux. De plus je lis en ce moment toutes sortes de choses sur les années 40, pour des raisons rôlistiques (mais ma campagne n'a rien de mili).

Ça n'explique pas tout.


Le livre approche le métier de général sous un angle analytique de consultant ; les biographies sous lues et analysées avec deux axes principaux : comment le général établit-il son autorité ? est-il efficace ? Si cette analyse est sans doute pertinente pour les théoriciens de la chose militaire, et si elle forme le point d'entrée du livre, elle n'est pas ce qui m'a le plus intéressé.


J'ai avant tout aimé le drôle d'objet littéraire formé par les biographies de ces cinq hommes, faisant le même métier et se retrouvant tous à combattre sur le même théâtre d'opérations (en gros, France et Allemagne) fin 44 et début 45. Ces lignes narratives montrant cinq hommes aux caractères différents, parcourant la même période de l'histoire donnent une vision synoptique de l'époque et de la guerre, sous un angle original et passionnant. Le style précis du livre, toujours plaisant, permet de connaître ces personnages en quelques dizaines de pages chacun et parvient à les rendre présents et vivants. On se prend à apprécier la modestie efficace de Patch, à s'énerver contre de Lattre, à avoir envie de donner des baffes à quelques autres. Le récit laisse percevoir les drames, aussi bien personnels (presque tous ont perdu un fils dans la guerre, l'un d'entre eux s'est effondré sous la pression) qu'historiques : les combats inutiles, les offensives où se perdent des milliers d'hommes, les hivers misérables de la troupe...

La guerre est grand et puissant récit. Quoi qu'on pense de l'armée ou de la chose militaire (l'auteur de ces lignes n'est pas un grand admirateur de l'uniforme), ces centaines de milliers d'hommes se battant à l'aide de machines terrifiantes durant des mois et des années sont les héros d'un récit vertigineux, dans toute son absurdité meurtrière, et on peut penser qu'il y a peu de métiers plus fascinants (dans l'horreur ou dans la technicité) que de devoir diriger ces opérations. L'objet du livre y trouve toute sa justification.


Je ne sais pas dire ce que vaut Ils ont mené les alliés... en tant que livre d'histoire militaire ou en tant qu'analyse du leadership d'officiers alliés. Mais par son objet, par son écriture, par sa capacité à rendre vivants ses personnages, il forme une intéressante réussite littéraire. À quand le tome 2 décrivant de la même manière les généraux allemands, italiens ou japonais ?


27 novembre 2020

Alias Caracalla – Daniel Cordier

Alias Caracalla est un livre de souvenir du résistant Daniel Cordier, qui vient de nous quitter à l'âge de cent ans. J'avais découvert le personnage dans la chouette émission de arrêt sur images dont il était l'invité. J'avais aimé sa légèreté, son esprit, son humilité. Un type étonnant.

Caracalla, c'est son pseudonyme de résistant. Pas le vrai, en fait, mais celui que l'écrivain Roger Vailland lui a donné dans son très bon roman sur la résistance écrit pendant la résistance. Le passage évoquant Cordier/Caracalla, la scène des gateaux dans le restaurant, est un de plus touchants du livre et, d'après Cordier, il est vrai.

Alias Caracalla est un étonnant livre de mémoires, écrit très longtemps après les faits mais appuyé sur de nombreuses recherches, racontant l'engagement du jeune Daniel dans la résistance. Depuis la capitulation de juin 40 jusqu'à l'arrestation de Jean Moulin.

On y verra l'évolution idéologique du jeune homme, de jeune camelot du roi antisémite à quasi socialiste, on découvrira les rencontres avec De Gaulle, l'entraînement en Angleterre, l'énergie, la frustration, puis toute une étonnante vie de fonctionnaire de la résistance quand Cordier devient à Lyon le secrétaire de celui qu'il admire, Jean Moulin. Ce n'est pas la même vision de la résistance que celle de Lucie Aubrac (même si ça se passe dans la même ville). Cordier se planque, transmet des messages, coordonne, distribue de l'argent... On découvre une vie de stress et d'ennui, au coeur des réseaux, là où se décide la politique des mouvements de résistance, quand Moulin, envoyé de De Gaulle, tente de fonder le mythique CNR.

Le livre est facile à lire, précis, souvent intéressant, parfois ennuyeux dans sa méticulosité et sa précision. Cordier parle de lui quasi comme d'un étranger, un homme d'avant d'où naîtra l'homme de maintenant. Le plus étonnant dans cet étonnant destin est la manière dont quelques mois de collaboration avec un homme qu'il admire forgeront le parcours de toute une vie.

Détestant l'ambiance "ancien combattants", Cordier se détachera de la résistance et des honneurs dans la fin des années 40, deviendra marchand d'art (suite à sa découverte de l'art moderne avec Moulin), puis consacrera la fin de sa vie à défendre un internationalisme dans lequel je me reconnais, et la mémoire de son mentor.



26 novembre 2020

Rommel -- Cédric Mas et Daniel Feldmann

 Je lis surtout de la fiction, parfois quelques essais ou livres historiques, et jamais de bouquins d'histoire militaire (même si je m'achetais guerre et histoire avant les longs trajets en TGV, du temps où il y avait de longs trajets en TGV). Mais bon, on vieillit, on change, et en ce moment je fais jouer du jeu de rôle deuxième guerre mondiale, et, disclaimer, je connais un des deux auteurs de cette biographie de Rommel. J'ai donc lu mon premier livre d'histoire mili, avec des cartes, des noms de généraux allemands, un dictateur à petite moustache (et quelques officiers étrangers en guest-stars).

Pour être entièrement honnête, j'avais seulement l'intention de lire les premières pages, "pour voir comment c'était fait", puis je me suis retrouvé à tout lire en quelques jours tant j'ai apprécié le livre. Il n'est pas très long, écrit de manière synthétique mais très facile d'accès et j'ai trouvé son approche intéressante, sachant qu'au départ je n'avais aucune opinion (ni fascination, ni détestation, rien) pour Erwin Rommel, le général allemand le plus fameux de la deuxième guerre mondiale.

Le livre n'est pas une biographie. Il s'attache plutôt à retracer une carrière militaire, en cherchant à comprendre quel officier était Rommel. Quelles étaient ses compétences, ses atouts, sa vision de la guerre, comment ces éléments ont évolué à travers le temps. Entré dans l'armée par opportunité, Rommel s'est battu héroïquement et plutôt efficacement durant la 1ère guerre mondiale dans les rares opérations de mouvement de ce conflit plutôt statique (en Roumanie et en Italie, je n'avais jamais entendu parler des opérations roumaines), a stagné entre les deux guerres avant de devenir un instructeur très apprécié et sans doute très doué. En 1940, il se retrouve à la tête d'une division de chars qui va participer (entre coups de génie, coups de bluff et grosses foirades) à l'écrasante victoire allemande dans la campagne de France. 

Le livre consacre ensuite de longues pages aux campagnes d'Afrique (là aussi, je connaissais très mal). Mélange de coups de génie, de défaites humiliantes et de réussites brillantes... Rommel manque de réussir à prendre l'Egypte, puis ne cesse de prendre des coups quand la situation se retourne fin 42. On le voit enfin en semi-disgrâce, puis devenant un des architectes du mur de l'Atlantique, et enfin tenant efficacement face aux Anglo-Saxons pendant quelques semaines en Normandie après le débarquement. La situation était alors très dure et même l'excellent commandant qu'il était devenu n'a pu la retourner. Le livre se termine par une évocation de sa chute politique, quand il est contraint au suicide après avoir été associé à la conspiration qui a échoué à faire tuer Hitler en juillet 44.

Les éléments biographiques (sa vie de famille, sa trajectoire sociale) et politiques (sa relation au nazisme et à Hitler, sa participation aux atrocités allemandes en Italie fin 43) ne sont pas éludés, mais vus essentiellement pour l'éclairage qu'ils apportent à sa carrière et à ses opérations militaires. Le livre tente un éclairage psychologique et une exploration des ressorts humains du personnage (son goût des honneurs, son égoïsme, mais aussi la manière dont il apprend à écouter, à collaborer, et son étrange fascination pour Hitler). Les auteurs traitent leur sujet sans complaisance ni détestation, leur texte n'est ni du panzer porn, ni une évaluation politique à l'aune des passions de notre temps.

Sans avoir aucune connaissance de ce domaine, j'ai trouvé le livre facile à lire et à comprendre. J'ai été souvent passionné par les développements consacrés à cet étrange métier de la guerre, illustré à travers le cas pratique d'un officier particulier, dans son humanité. 




16 octobre 2020

Le dernier métro – François Truffaut





Dans ce film, on soit la vie d'un théâtre parisien durant l'occupation, à travers toute une série de personnages touchants et bien campés. Marion Steiner, la patronne, ancienne actrice de cinéma, Bernard, l'acteur doué qui bouscule les habitudes de la maison, Lucas Steiner, l'auteur planqué, Daxiat, le critique collabo, Arlette, la costumière qui aime les femmes, Sabine la petite actrice qui veut percer...

On est loin (à l'autre bout de la carrière de Truffaut) de l'énergie des 400 coups ou de la légèreté de Jules et Jim, c'est du cinéma de grande classe, grands acteurs, beaux éclairages et une histoire très belle, tournant entièrement autour d'un lieu, un théâtre dont le directeur, juif, a disparu, mais est en fait caché dans la cave. Un théâtre qui continue à faire du théâtre.

Ca parle de plein de choses : de l'art, du fait d'être juif, des relations tordues entre metteur en scène et acteurs et actrices, d'amour, de mise en scène. Généralement les grands acteurs français (genre Deneuve ou Depardieu) m'énervent, là ils sont tout simplement très bons.  Le film est très beau, j'ai beaucoup aimé.


21 août 2020

L'armée des ombres – Jean-Pierre Melville

 Dans le cadre de l'exploration des fictions mettant en scène l'occupation, je me rends compte que j'ai oublié de parler de ce classique. Nous n'avions jamais vu de film de Melville, et nous avions manqué quelque chose.

 

 
 
 
 

L'armée des ombres est un film hiératique, presque solennel, d'un sérieux imperturbable, racontant les combats, la clandestinité, les évasions, la vie d'un réseau de résistants. Le discours du film est clair : ils étaient des héros, ils ont dû commettre des actes terribles, la plupart d'entre eux sont tombés sous les coups de l'ennemi.

La mise en scène et l'image (couleur) sont magnifiques, de la scène d'ouverture incroyable (défilé d'Allemands sous l'arc de triomphe pour lequel Melville a engagé des danseurs afin que la scène soit parfaite), en passant par les incontournables de ce genre de récit : parachutages, évasions, exécutions...

Les acteurs assurent, en commençant par Lino Ventura, un monolithe, en passant par Paul Meurisse (dont je suis devenu fan), Jean-Pierre Cassel et Simone Signoret dans un drôle de rôle. On a même droit au colonel "Passy", le vrai chef des services secrets de la France Libre, dans son propre rôle, et à un (faux) caméo du général de Gaulle.

C'est un film d'action, de suspense, ample et shakespearien, raconté avec un sérieux total. Cool.