04 janvier 2024

La Chimera - Alice Rohrwacher

Sur le conseil de l'excellent podcast une invention sans avenir, nous avions regardé Lazaro Felice, d'Alice Rohrwacher, et c'était un très cool film vraiment très bizarre.

La Chimera c'est aussi très cool et aussi très bien. C'est un film qui ne ressemble pas à ce que vous connaissez et ça fait du bien d'être un peu dépaysé. Je vais tenter de le pitcher pour faire envie.

On est en Toscane, dans les années 70/80. Pas la Toscane de la riche ville de Florence, mais la Toscane des vieux villages miteux, des paysans auxquels il manque des dents et d'une industrialisation encore récente. Arthur (dit "Artù", dit "Il Maestro") est Anglais, c'est un beau jeune homme perdu qui sort de prison et retourne au pays. Il a aimé l'archéologie et il a fait de la prison pour trafic d'antiquités. Parce qu'il faut dire que ce charmant garçon a un pouvoir étonnant : il peut sentir la présence de tombes souterraines. Et là, après la prison, il renoue sans renouer avec la bande de pilleurs de tombes auxquels il est associé, les tombaroli, et il va peut-être continuer, peut-être pas, de toute façon il n'a plus un rond, un seul costume élimé, un regard rêveur et plein de souvenirs qui le hantent.

Le film flotte entre le réalisme un peu crado et la magie, une magie quasiment toute entière dans le regard, la manière dont on regarde les tronches des personnages, les visages, les corps, les maisons, les vieux murs. Certains passages sont d'un onirisme magnifique (le défilé des Streghe pour l'épiphanie) et parfois on sent le froid, l'humidité, et le mauvais vin rouge âpre dans la gorge. L'histoire nous présente des personnages merveilleux, comme Italia, la jeune femme illettrée, Spartaco, le trafiquant, Flora la vieille cantatrice (jouée par Isabella Rossellini !). Il y a une attention aux pauvres, aux femmes, aux enfants, sans regard miséreux, avec la beauté qui ressort tout le temps, dans la voix, dans les scènes de danse, de musique, de nuits humides et de plongées dans les tombes. C'est vraiment très beau, on a tous aimé, les parents et les deux jeunes filles qui les accompagnaient.

C'est un film qui fait aimer l'Italie mais une Italie plus profonde et secrète, loin des clichés, celle qui s'ancre dans les profondeurs du passé.











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