05 décembre 2016

Il faudrait pour grandir oublier la frontière – Sébastien Juillard

Il faudrait pour grandir... est une novella de science-fiction publiée par les éditions Scylla. Novella veut dire un court roman, 111 111 signes exactement, une bonne lecture pour un court voyage en train, d'autant que dans ce cas vous aurez le voyage à l'intérieur du voyage. Le récit met en scène une poignée de personnages, Keren, soldat de l'armée israélienne, Jawad, ingénieur palestinien, Bassem, terroriste, et quelques autres, dans la bande de Gaza dans une trentaine d'années. 
Par le choix de son sujet, la densité du récit et de la caractérisation, Il faudrait pour grandir... est un petit bouquin très dense qui contient autant d'idées que certains gros romans. L'auteur a un vrai talent pour faire passer en quelques lignes des idées de SF étranges (comme la psycho-chirurgie) et des situations géopolitiques compliquées. C'est jouissif pour l'amateur de boissons fortes, ça pourra peut-être égarer ceux qui préfèrent plus d'explications. On est dans une SF à la Lucius Shepard (moins incarnée, peut-être), mêlant actualité géopolitique et sense of wonder.
Une semaine après la lecture, je retiens de belles atmosphères de peur et d'attente, et Keren, beau personnage de femme, autour de laquelle gravite ce drôle de petit récit. Et, plus littérairement, une certaine idée de la manière dont nos positions politiques sont construites à partir de récits de fiction auxquels nous avons envie de croire, très belle idée.
In fine, rappelons que comme tous les livres publiés par Scylla et Dystopia, ce petit bouquin est très beau – magnifique couverture, fabrication impeccable, un bonheur de bibliophile – et même pas cher (cliquez sur le lien, en haut de l'article). Et les amateurs de Yirminadingrad verront quelques ponts vers leur cité balnéaire préférée.



1 commentaire:

  1. Comme toi, j'ai aussi trouvé que c'était super. Et l'analogie avec Lucius Shepard, qui ne m'était pas venue à l'esprit, me frappe comme une évidence.

    On veut le suivant!

    Sinon... J'ai découvert par hasard, en prenant un de ses volumes dans une librairie, que Lucius Shepard était mort en 2014. Snif, un auteur préféré dont il n'y aura pas de nouveau volume. Il m'accompagnait depuis 20 ans, je pense.

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