23 janvier 2023

Le conte d'hiver -- au TKM

Le Conte d'hiver est une pièce de Shakespeare, tardive, qui m'a fait penser au Scapin de Molière en cela qu'elle mêle des thèmes familiers de l'auteur sans plus grand souci de réalisme d'intrigue (ni même de cohérence) mais qu'elle créé un pur objet de théâtre. 

Dans le premier acte, Leontes, roi de Bohème*, soupçonne sa femme de coucher avec son meilleur ami, le roi de Sicile. Il se monte toute une imagination d'insultes et de crimes contre lui, essaie de faire empoisonner son pote, fait enfermer sa femme. Tout le monde, même l'oracle d'Appolon, lui dit qu'il a tort, mais il s'obstine et fait toutes sortes d'horreurs. 

Et après ce début très sombre, on passe à une ambiance beaucoup plus comédie, avec le bébé abandonné de la reine recueillie par un paysan qui élève la jolie princesse, dont le prince de Sicile tombe amoureux. Déguisements, quiproquos, pastorale, danses, chansons, clowns, et à la fin tout le monde se retrouve et s'embrasse.

La mise en scène de l'agence de voyages imaginaires est d'après Shakespeare, ça veut dire qu'ils ont trituré le texte et l'objet de la pièce, ce qui peut présager du pire comme du meilleur. Là, on était du côté du meilleur.

La compagnie monte cette pièce depuis vingt ans (!!!). C'est drôle, chatoyant, musical, bourré d'idées. Les acteurs sont excellents, jouant chacun une poignée de rôles, passant de l'un à l'autre avec une perruque, une paire de lunettes... L'histoire et sa métahistoire sont présentes, on les voit se déguiser, se maquiller, bouger les décors, tout en restant dans le récit. On s'inquiète pour la reine Hermione, on rit de voir le fripon berner le berger, on a peur de la folie du roi…

J'ai aimé les costumes flashy, les grandes couronnes des rois, la musique sur scène jouée par les acteurs, le prince et la princesse déguisés à la fois ridicules et touchants, les chansons en italien de l'escroc, les personnages transformés en marionnettes à la fin quand on n'a plus trop le temps de raconter les retrouvailles, les maquettes de bateau, la mise en scène de l'ours.

C'est du théâtre comme j'adore : n'oubliant jamais qu'il est du théâtre, un moment de jeu et de joie, où on croit aux histoires sans oublier que ce sont des histoires. Où la magie est présente. Merci à l'agence de voyages imaginaires pour cette belle création et cette grâce !







Une petite vidéo de bande annonce, qui donne une idée de la mise en scène, mais juste une idée.



* Après m'être documenté sur la pièce, je me rends compte que la compagnie a inversé les deux royaumes.



ACT IV

SCENE I:

Enter Time, the Chorus

Time

I, that please some, try all, both joy and terror
Of good and bad, that makes and unfolds error,
Now take upon me, in the name of Time,
To use my wings. Impute it not a crime
To me or my swift passage, that I slide
O'er sixteen years and leave the growth untried
Of that wide gap, since it is in my power
To o'erthrow law and in one self-born hour
To plant and o'erwhelm custom. Let me pass
The same I am, ere ancient'st order was
Or what is now received


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