Je n'avais pas lu Camilleri depuis plusieurs années (12, si j'en crois ce blog, qui devient un support pour ma mémoire défaillante). Pour ceux qui ne connaissent pas: Andrea Camilleri est un ancien metteur en scène de théâtre et de télévision, venu vers ses cinquante ans à la littérature, essentiellement policière, presque toujours centrée sur la petite ville sicilienne (imaginaire, enfin presque) de Vigàta. Son œuvre suit principalement deux axes: les enquêtes du commissaire Montalbano, contemporaines, avec des meurtres bizarres, des plats siciliens typiques et une vision politique plutôt à gauche. L'autre axe sont des romans sociaux ironiques, plus littéraires, situés dans la Sicile de la fin du XIXème siècle.
Là où Camilleri est bien plus qu'un auteur de polars, ou un auteur régional, c'est par son travail sur la langue, mélange d'italien et de sicilien de sa région natale, travail étonnamment rendu par un jeu sur le français par son traducteur fétiche, Serge Quadruppani. Une langue riche et drôle et un peu absurde, qui ne ressemble à nulle autre, et qui donne toute la force de son travail.
Le coup du cavalier est de la veine roman XIXème: un fonctionnaire zélé, né en Sicile mais grandi à Gênes, est nommé pour inspecter les moulins de la région de Vigàta. Ses deux prédécesseurs ont eu quelques malheurs (accident de pèche en mer et chute de cheval. Oh zut). On sera plus du côté de la comédie de mœurs (très acide) que du thriller: on rit beaucoup, dans le coup du cavalier, et c'est très cruel.
Les romans de Camilleri sont courts et rythmés et celui-ci, plus que les autres, repose quasiment entièrement sur la langue: mélange du sicilien local, bien sûr, de l'italien, langue de l'administration et du pouvoir, et du génois d'enfance dans lequel pense le héros. La langue est la source de ses ennuis, elle sera la clef de la libération. C'est excellent, étonnant, délicieux.
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